Le sujet est débattu depuis longtemps, certains pays européens avaient même mis fin à la production des aliments médicamenteux pour le traitement des maladies en élevage pensant que leur arrêt entraînerait la baisse de la consommation d’antibiotiques. Ce qui s’est avéré faux, comme en Allemagne.

Mais le 19 juin, soit quelques jours après l’adoption d’un autre texte emblématique sur la médecine vétérinaire, les Parlementaires européens se sont mis d’accord avec le Conseil européen : en cas de maladie, les éleveurs pourront toujours distribuer des antibiotiques via un aliment médicamenteux produit dans des usines maîtrisant techniquement cette production.

Le texte qui rénove la réglementation précédente, en encadre plus strictement les usages et limite de fait les utilisations d’antibiotiques (pas de prévention, pas de distribution systématique, ordonnance d’un vétérinaire qui doit juger cette distribution indispensable au regard des risques de diffusion d’une maladie, etc.). Tous les pays européens seront désormais logés à la même enseigne.

Même si les juristes vont désormais faire leur travail de finition, le texte ne devrait plus être fortement modifié car il a reçu l’aval du trilog (Commission, Parlement, Conseil).

En France, les volumes ont « considérablement diminué »

Wolfgang Trunk, de la DG Santé à la Commission européenne, s’est réjoui lors du congrès de la Fefac (Fédération européenne des fabricants d’aliments pour animaux) qui a lieu le 20 et le 21 juin à Lyon, de l’aboutissement d’un texte qu’il pousse depuis plus de 7 ans. Pour lui, « c’est une décision historique, un texte équilibré du Parlement européen car il autorise les aliments médicamenteux qui sont une manière sûre et homogène d’apporter un traitement, tout en les encadrant précisément ».

Pour Arnaud Bouxin de la Fefac, les aliments médicamenteux constituent un service apporté aux éleveurs par les fabricants d’aliments pour animaux. « Nous avons toujours pensé que si le législateur estime qu’ils apportent une solution, alors la réglementation doit donner des règles techniques qui permettent aux usines de les produire ». Il s’agit notamment de définir des concepts techniques tels que les transferts interlots et l’homogénéité.

Pour Stéphane Radet, délégué général du Snia (Syndicat national des industriels de la nutrition animale) : « Les volumes des aliments médicamenteux délivrés aux éleveurs en France ont considérablement diminué depuis plus de dix ans. Mais cette solution reste demandée par les éleveurs, particulièrement pour sa praticité et sa sécurité d’emploi. » Il rappelle que l’aliment médicamenteux est déjà géré en France comme un « médicament vétérinaire et délivré sur prescription d’un vétérinaire ».

Yanne Boloh