«Ce 12 janvier 2018, j’étais très fatiguée. Je me sentais épuisée. J’avais les yeux fortement cernés. J’avais mal partout, surtout au dos. Les symptômes ressemblaient à ceux de la grippe. N’arrivant pas à joindre le médecin, mon mari m’a emmenée à l’hôpital de Fourmies. Là, l’urgentiste m’a tout de suite dit : « Votre maison est entourée de bois, c’est la maladie du rat. » J’ai eu le droit à une analyse de sang plus poussée, mais il fallait attendre deux semaines pour avoir le résultat.

J’ai ensuite été transférée à la clinique de Maubeuge où je suis suivie pour une autre affection. Là-bas, le médecin n’était pas d’accord avec l’analyse de son confrère. Mon état se dégradait. Mes reins étaient congestionnés. J’étais à la limite de la dialyse. Mon époux, avec son expérience d’éleveur, me disait de boire le plus possible d’eau. Ce n’était pas l’avis du corps médical ! Celui-ci pataugeait, en effet, toujours quant au diagnostic. J’avais des prises de sang toutes les trois heures : à la fin, l’infirmière me piquait dans les pieds, car elle ne savait plus où planter l’aiguille !

Recrudescence des zoonoses

Au fil des jours, ma santé s’est améliorée. Les analyses ont montré qu’il s’agissait d’un hantavirus, une zoonose apparentée à la maladie du rat. Pour en guérir, le meilleur remède est le repos. Peu à peu, j’ai remonté la pente.

Nous habitons une région de bocage où la leptospirose et les autres maladies transmises à l’homme via l’urine des rongeurs sont en forte augmentation. Il y a des décès. Je ne sais pas comment j’ai été contaminée. Est-ce que j’ai manipulé du bois qui a été en contact avec un animal porteur du virus, est-ce que j’ai inhalé de la poussière en rénovant notre maison ? Il ne faut pas tomber dans la psychose, mais maintenant je ne vais plus travailler au jardin sans porter de gants, ni enlever les poussières sans mettre un masque. J’aère énormément quand je fais des travaux d’intérieur. Je me lave souvent les mains et ne bois jamais à même une canette métallique. Une de mes amies a aussi contracté une maladie du rat, mais elle ne le dit pas. Les gens ont honte. Mais au contraire, il est nécessaire d’en parler pour mettre les autres en garde. »

Propos recueillispar Catherine Yverneau