L’emprunte carbone, késako ? « Il s’agit de la différence entre les émissions et le stockage de dioxyde de carbone », exposait Catherine Brocas, cheffe de projet à l’Institut de l’élevage (Idele), lors de la conférence « Face au changement climatique, la filière laitière en mouvement » le 14 juin 2018 à Paris.

Conformément au plan de filière présenté à l’issue des États-généraux de l’alimentation, les acteurs de la filière laitière ont signé une « feuille de route climatique », visant à réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre par litre de lait d’ici à 2025. « Un éleveur sur deux devra être intégré dans la démarche d’ici à cinq ans, et 100 % d’ici à dix ans », soutient le Cniel.

Quels bénéfices pour les éleveurs ?

Si la démarche permet de répondre aux enjeux environnementaux et aux attentes sociétales, quid de la valorisation de ces efforts pour le maillon production ? « Les élevages avec un faible impact environnemental se caractérisent tous par une meilleure efficience technique, et donc de meilleurs résultats économiques », assure Samuel Danilo, de BCEL Ouest.

Pourtant, un certain scepticisme persistait dans l’assemblée. « Il serait de bon ton que cette démarche ne soit pas comme la charte des bonnes pratiques d’élevage (CBPE), c’est-à-dire une condition sine qua non de collecte, s’agace un éleveur. Il faut aussi du sonnant et trébuchant en retour ».

« La valeur est chez nous »

« On a l’habitude de parler de critères basiques avec nos laiteries, que sont les volumes, les prix et la qualité. Mais les sujets sociétaux, environnementaux, le bien-être animal et la biodiversité feront aussi le prix du lait demain », estime Gilles Durlin, producteur de lait dans le Pas-de-Calais.

L’éleveur est administrateur de l’association d’organisation de producteurs (OP) Hauts de France, regroupant les OP de Danone, Lactalis et Fouquet. « L’objectif de notre structure est de tirer profit de la valeur que nous avons dans nos fermes. Nous avons lancé des audits en élevage pour calculer les émissions à effet de serre, et souhaitons valoriser la démarche auprès de nos collecteurs ». Il reste à savoir si l’aval l’entendra de cette oreille.

V. Gu.