Dans le cadre du projet Accept (1), une étude de terrain a été menée dans trois Régions, l’Auvergne, la Bretagne, et le Centre-Val de Loire, et trois filières (avicole, bovine, porcine). Elle s’appuie surtout sur l’analyse de projets qui ont été contestés localement (2).
D’un territoire à l’autre, les réactions changent
Pour l’instant, les élevages les plus contestés sont ceux de porcs et de volailles. L’augmentation de la taille des élevages bovins pourrait à terme leur attirer aussi les foudres des associations de riverains. D’un territoire à l’autre, les réactions changent aussi : la proximité avec une zone touristique, un parc naturel peut agir comme détonateur de contestation.
Quand la population locale est habituée à l’existence d’élevages et en connaît l’impact sur l’économie locale, ils sont mieux acceptés. Les relations sociales qui existent ou non avant le projet, sont aussi déterminantes : la présence de militants locaux emblématiques joue un rôle essentiel et leur attitude dépend aussi des précédents qui ont existé sur le terrain.
Détecter les oppositions
Le positionnement du maire favorisera ou non l’instauration d’un dialogue. Ses relations avec l’éleveur, porteur du projet, comptent aussi. Enfin, cela dépend aussi de l’éleveur, de son image et de son insertion locale, de sa capacité à initier un dialogue en amont pour détecter les oppositions. Pour établir le dialogue, l’étude constate que les éleveurs doivent écouter et identifier les sources d’inquiétude.
Les éleveurs appuient leur argumentaire sur quatre piliers : pérenniser l’exploitation, l’antériorité de la production dans le lieu, la conformité à la réglementation en vigueur et la fierté de nourrir le monde. En face, les riverains expliquent que leur maison est leur projet de vie, que ce lieu est aussi leur cadre de vie, que leur bien va perdre de la valeur et que les scandales alimentaires les interrogent sur la capacité des éleveurs à nourrir le monde.
La capacité de l’éleveur répondre à ces inquiétudes est donc essentielle. Des formations ont d’ailleurs été proposées par le comité régional porcin en particulier. « Il importe que l’éleveur soit au moment du projet, attentif aux attentes et aux inquiétudes des autres acteurs et à même d’accepter et de mettre en œuvre un dialogue », conclut l’étude menée sous la houlette de Marie-Laurence Grannec, de la chambre d’agriculture de la Bretagne.
(1) Le projet Accept sur l’acceptabilité des élevages par la société en France est mené par l’Ifip, l’Institut de l’élevage, l’Itavi, l’université Rennes 2, Agrocampus Ouest, l’Inra, les chambres régionales d’agriculture de la Bretagne et des Pays de la Loire, Trame, l’UGPVB et les Legta du Rheu (Bretagne) et de Brioude-Bonnefont (Auvergne).
(2) Étude menée par Marie-Laurence Grannec, Aurore Fiant et Hélène Le Chenadec, de la chambre d’agriculture de la Bretagne ; Elsa Delanoue et Véronique Van Tillbeurgh, de l’Université de Bretagne et de UMR CNRS Espaces et Sociétés ; par Philippe Boudes, de l’Agrocampus de Rennes, par Sophie Christophe, de Trame, et par Delphine Neumeister, de l’Idele.