« Les industriels ne peuvent pas sans cesse exiger plus des éleveurs sous couvert de répondre aux attentes sociétales et de l’autre côté aller s’approvisionner dans des pays ayant des exigences de production bien inférieures à ce qui est imposé par la réglementation française », protestent les syndicats dans un communiqué du 15 mai 2018.

Des exigences sous couvert des attentes sociétales

Ils rappellent que « la filière porcine française s’est engagée depuis de nombreuses années à proposer des produits de qualité et s’est fixée un certain nombre d’exigences de production, de l’élevage à la transformation. […] Les industriels ne peuvent pas exiger plus des éleveurs sous couvert de répondre aux attentes sociétales, et aller s’approvisionner dans des pays ayant des exigences de production bien inférieures à ce qui est imposé par la réglementation française. »

Concernant les « étiquetages trompeurs » du porc espagnol de Fleury Michon, ils estiment que les « consommateurs [sont] floués », car la viande provenant de porcs nés, élevés et transformés en France est « un gage de sécurité et de traçabilité grâce à l’encadrement réglementaire français ». À titre d’exemple, en 2015, « l’usage des antibiotiques en médecine vétérinaire en France est de 70 mg/PCU, alors que l’Espagne se situe à près de 400 mg/PCU ».

« Fleury Michon a changé son mode d’étiquetage, en remplaçant le code du pays d’origine de la viande, par son nom en toutes lettres », souligne Mickaël Gouilloux, de la FRSEA Pays de la Loire. Ce pourrait être un progrès, les consommateurs souhaitant de plus en plus souvent savoir d’où vient leur viande. Sauf que « les trois éleveurs, en photo, ne sont pas espagnols, mais bel et bien de l’ouest de la France », précise Mickaël Gouilloux.

De plus, ils font partie des 50 éleveurs engagés dans la démarche « J’aime », initiée par Fleury Michon. Dans le cahier des charges de cette démarche, figure celui de la filière Bleu-Blanc-Cœur, mais aussi l’absence d’antibiotiques après le 1er âge et sans OGM. Le jambon – espagnol – se trouvant à l’intérieur du paquet, s’il est bien « bleu blanc cœur », n’est en revanche pas intégré dans cette démarche « J’aime ».

Cet emballage est-il une « tromperie » ? En termes réglementaires, non. Donc non sanctionnable. Il n’en reste pas moins que l’industriel est dans une « zone grise », jouant sur une double ambiguïté. Et que les consommateurs peuvent légitimement se sentir « floués ».

E.C.