Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot avait annoncé fin mars qu’il souhaitait réintroduire deux ours femelles dès cet automne dans le département afin d’assurer la pérennité de l’espèce, suscitant une levée de boucliers de la part des éleveurs. « Stop ours », « Hulot, l’écologie qui se déplace en hélico », pouvait-on lire sur les banderoles tendues sur les tracteurs des manifestants, certains venus d’Ariège ou de la province espagnole voisine d’Aragon, tandis que des bergers avaient pendu des ours en peluche au bout de leurs bâtons.
« Vous n’aurez pas la peau des bergers ! »
« Non, Monsieur Hulot, vous n’aurez pas la peau des bergers ! Et des réintroductions, il n’y en aura pas ! », a lancé Olivier Maurin, président de l’Association pyrénéenne pour le développement durable de l’identité des Pyrénées (ADDIP), depuis une tribune improvisée face à la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. Il annonce une « solidarité sur toute la chaîne pyrénéenne, mais aussi avec les autres massifs touchés ».
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Pour autant, « le gouvernement n’a pas reculé face aux manifestants, et il s’en tient aux mesures d’accompagnement des éleveurs », déplore Olivier Maurin. Une mission d’experts des ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique devrait débuter dès cette semaine, pour « faire le point » de la situation.
« Les attaques se sont multipliées
« En Ariège, dans les vallées où les ours sont concentrés, les attaques se sont multipliées. Plus de 600 bêtes tuées en 2017 par les ours (1), pour la majorité des brebis, déplore Claude Soulas, directeur du Centre départemental de l’élevage ovin. Les mesures de protection, barrières, chiens… préconisées par le gouvernement sont totalement inefficaces. »
Bernard Layre, le président de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques, dénonce quant à lui « un projet complètement décalé par rapport à la réalité. Il y a incompatibilité entre la présence de ces prédateurs et l’activité pastorale, et l’État le reconnaît implicitement quand il propose des mesures d’accompagnement. »
La méthode ne passe pas
Le responsable syndical est particulièrement remonté contre la méthode utilisée par le gouvernement : « on entend dire que le Préfet doit organiser une réunion de concertation, mais après la décision ! Cette méthode est inacceptable. La concertation se borne à discuter des mesures d’accompagnement par ailleurs inefficaces. Elles consistent à faire du gardiennage, ce qui coûte un pognon fou. »
Bernard Layre se félicite néanmoins de « la pluralité des chapelles [syndicales ] » sur ce sujet : « nous étions beaucoup unis sous une même bannière, avec un unique message : il n’y aura pas de réintroduction ! Et les bergers iront jusqu’au bout… »
Des parlementaires, à l’instar de la sénatrice socialiste Frédérique Espagnac, du sénateur Les Républicains Max Brisson ou encore le député Jean Lassalle (non inscrit), s’étaient joints à cette manifestation. Ils n’ont pas fait partie de la délégation reçue par le préfet.
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À l’inverse, l’association Férus rappelle dans un communiqué que, selon un sondage Ifop, « la grande majorité de la population, nationale comme locale, approuve la décision de lâcher deux ourses en Béarn afin d’y éviter la disparition de l’espèce à court terme ». Soulignant que « toute l’économie montagnarde, et notamment l’agriculture, dépend des villes et des plaines », l’association questionne perfidement : « qui achète et consomme les produits agricoles ? Qui finance par ses impôts la politique de soutien çà l’agriculture sans laquelle il n’y aurait plus d’éleveur en montagne ? »
(1) Il faut y ajouter plus de 800 brebis « non retrouvées », donc non indemnisées…