Il reste encore un peu plus d’un an pour réorganiser la filière, avant l’entrée en application du règlement zootechnique européen (RZUE) au 1er novembre 2018. Mais Jean-Luc Chauvel, président de Races de France, est optimiste. Après deux années de tensions, les différents acteurs de la génétique (associations de race, entreprises de sélection, organismes de contrôle de performances…) conviennent tous de la nécessité d’une démarche collective.
Mutualiser les coûts et couvrir le territoire
La mutualisation des coûts a en revanche suscité quelques remises en question, ainsi que la légitimité des différentes organisations para-agricoles à proposer certains services. Les représentants des petites races et des races ovines ont insisté sur la notion de « couverture du territoire » et la nécessité de préserver les races des territoires en déprise, où la densité de structures est moins importante qu’ailleurs, mais où l’élevage reste la dernière activité économique et l’ultime outil d’aménagement du territoire, le « dernier rempart contre la désertification ».
Philippe Meynier, représentant de la race ovine corse, a appelé à éviter la « marchandisation de la génétique ». Dans cette réorganisation de la génétique, il faut « faire aller le plus d’éleveurs possible vers la génétique pour les faire progresser sur leur exploitation, et non avoir comme but la marchandisation ».
Quels nouveaux services proposer
Michel Cètre, président d’Allice, a estimé nécessaire de réfléchir à de nouveaux services à proposer aux éleveurs, sans pour autant se concurrencer sur le terrain. Valérie Vigier, chef du bureau du lait et de la sélection animale au ministère de l’Agriculture, a appelé à « trouver des réponses équitables – l’équité n’étant pas l’égalité – pour chaque race, selon ses spécificités ».
La solidarité des réseaux nés de la loi sur la génétique résisteront-ils à la libéralisation du secteur imposé par l’Union européenne, par ce RZUE ? Les représentants de ces différents réseaux y croient, même si rien n’est encore acquis. Pour preuve, les passes d’armes ont été régulières lors de la table-ronde organisée sur le sujet, mais toujours à fleuret moucheté.
Repenser l’offre génétique
L’adaptation du dispositif génétique français au RZUE amène à repenser l’offre génétique au sein d’une offre globale, et à prendre en compte le contexte actuel. « La baisse du nombre d’éleveurs, leurs difficultés économiques, et d’autres éléments conjoncturels comme structurels nous amènent à repenser l’offre génétique, dans son environnement global, dans ses multiples fonctions, dans ses finalités, a énoncé Jean-Luc Chauvel dans son rapport moral. La filière génétique est avant tout au service des filières des produits. Elle est donc au service de tous les éleveurs, pour les accompagner dans le pilotage de leur exploitation, et répondre à leurs besoins : des animaux adaptés à leur territoire, à leur filière, tout en leur permettant de répondre aux attentes de la société, liées à l’alimentation, à l’environnement ou au bien-être animal. »
Cinq axes de travail
Il a donc rappelé les axes de travail pour la profession :
- Créer « un service d’évaluation mutualisée au bénéfice de tous les organismes de sélection (OS), de toutes les races, de tous les ruminants ». Ce projet, mené avec Allice, est en bonne voie ;
- « Accompagner l’Inra dans sa mise en œuvre d’une base de données nationale, qui permettra aux OS comme au ministère d’accomplir leurs missions de gestion de nos ressources génétiques » ;
- Valoriser, dans chacun de ces dispositifs, le fruit de la recherche et des développements qui en découlent, issu notamment du travail des unités mixtes technologiques ;
- Participer à l’évolution des systèmes d’information, supports d’échanges de ces données ;
- Construire la future fédération des OS, dont la tâche sera non seulement de représenter les éleveurs, mais aussi de coordonner leurs actions collectives, « notamment l’unicité raciale chère à nos éleveurs et porteuse pour nos filières », a conclu Jean-Luc Chauvel.