«Se sentir totalement dépassé par son enfant reste un tabou », observe Catherine Delaveau, psychopraticienne à Laon (1). Nombre de parents se disent que les colères vont passer. Toutefois, souvent, de l’extérieur la situation paraît invivable.

Un enfant tyrannique est un être en souffrance. « Avant, l’enfant avait beaucoup de devoirs et peu de droits. Mais aujourd’hui, nous sommes passés à un autre déséquilibre : il a tous les droits. La frustration est nécessaire à l’éducation. En général, à partir de 3 ans, il l’accepte. Si ce n’est pas le cas, ça pose un problème », explique la professionnelle.

Accueillir l’émotion

Catherine Delaveau prend un cas concret : la colère du petit qui ne veut pas aller se coucher. « Il ne faut pas palabrer, c’est usant. Gare aussi à la coopération : parent et enfant ne sont pas à égalité. Le premier doit garder sa place. Attention également au chantage : “Tu arrêtes de crier et je te donne ceci”. »

Pour la psychopraticienne, la réponse est d’accueillir l’émotion de l’enfant et de lui dire « tu as raison d’être en colère. Mais c’est l’heure d’aller dormir ». Il faut être ferme. Cela ne sera possible que s’il y a habituellement une régularité dans les horaires de coucher. L’humour est aussi souvent un bon moyen de détendre l’atmosphère. La psychologue reçoit en consultation des couples souvent au fait des questions de parentalité, qui lisent et s’informent. « Mais ils confondent leurs besoins d’adulte et ceux de l’enfant. Ils accèdent à toutes ses demandes et se trouvent tyrannisés. »

Faire preuve d’autorité

Face à cet échec dans la relation, comment restaurer la confiance ? La praticienne donne trois mots-clés : accueil, écoute et communication. Il s’agit d’accueillir son enfant, qui est différent de soi, et y compris ce qui me déplaît. Il est question d’écouter ce qu’il dit, pas ce que je veux entendre. Communiquer, c’est parler. La spécialiste poursuit : « C’est vivre avec lui une vie qui a du sens. C’est lui apporter de l’attention pour en faire un individu autonome tout en faisant preuve d’autorité, car celle-ci permet à l’autre de croître. » C. Yverneau

(1) Elle a donné une conférence le 2 avril sur le thème « Enfants tyrans, parents tyrannisés – Mythe ou réalité ? », à l’UDAF de l’Aisne.