Dans l’oranger bigaradier tout est bon. Ses fruits amers sont transformés en marmelade et en apéritif. Ses feuilles s’utilisent en infusion. Ses fleurs et ses brouts (jeunes rameaux) donnent des huiles essentielles et eaux florales (hydrolat) d’une grande délicatesse. Les parfumeurs recherchent le meilleur « néroli », cette précieuse huile essentielle obtenue par distillation des fleurs.
Un budget conséquent
Les cultivateurs de Vallauris et Golfe-Juan (Alpes-Maritimes) sont groupés depuis 1904 en coopérative agricole. Ils étaient 300 à cette époque, et sont aujourd’hui 40. Ses adhérents ont souhaité donner une seconde vie aux bâtiments emblématiques de leurs deux distilleries. En 2015, celle de Vallauris est devenue une vaste boutique Gamm vert. Celle de Golfe-Juan vient d’ouvrir au public après plus d’un an de travaux. « Les alambics ne tournent plus depuis longtemps, mais ce patrimoine industriel méritait d’être mis en valeur », estime Guillaume Gillet, le directeur.
La vente d’un terrain, l’aide du Fonds européen agricole pour le développement rural, et des subventions du département des Alpes-Maritimes et de la Région Sud ont permis d’investir 900 000 € pour rénover le bâti et créer un nouvel outil de travail. Un atelier de confiture d’agrumes tout neuf et une boutique où recevoir la clientèle jouxtent un écomusée. Celui-ci occupe la salle des chaufferies et celle des alambics. Des panneaux et un film expliquent la culture de l’oranger bigaradier.
Planté par milliers sur les collines de Vallauris Golfe-Juan à la fin du XIXe siècle, l’arbre a fait vivre de nombreuses familles. Aujourd’hui, beaucoup de vergers ont disparu. Mais les coopérateurs de Nérolium résistent à la pression immobilière pour conserver leurs arbres, qui donnent aujourd’hui 4 à 5 tonnes de fleurs par an. « Au printemps dernier, 350 arbres ont été plantés à Bar-sur-Loup, sur une terre prêtée par la commune. Trois cents orangers vont pousser sur un terrain de Golfe-Juan mis à disposition par le Conservatoire du littoral », se réjouit Guillaume Gillet. Il fait partie de ceux qui souhaitent donner un nouvel élan à l’arbre et à sa filière, qui intéressent les grandes maisons de la parfumerie française.