«Pour une surprise, ce fut une surprise ! Le 8 novembre 2016, Valence, une vache de douze ans, a mis au monde trois veaux femelles salers pures. La naissance à terme de triplées bien portantes est un événement rare dans la vie d’un éleveur de bovins. J’ai la chance de l’avoir vécue ! Je suis installé depuis 2015 avec mon père Bernard et mon cousin Cédric. Nous élevons un double troupeau de 95 vaches salers et 50 montbéliardes et prim’holstein, à1 000 mètres d’altitude.

Un vêlage à rebondissements

Privée de deux tétines, Valence, déjà âgée, aurait dû être réformée, mais nous avions envie de garder cette excellente lignée. Nous espérions une petite génisse à son dixième vêlage. En neuf ans, cette vache n’avait, en effet, mis au monde qu’une femelle, toujours présente dans notre élevage, et huit mâles vendus en broutards.

À 7 h du matin, ce 8 novembre, mon père et moi découvrions une petite velle (1) aux côtés de Valence, isolée dans un box de vêlage : un bel animal, bien portant et déjà vif. Depuis la veille, la vache présentait les signes avant-coureurs d’une mise bas imminente. Nous pensions qu’elle portait peut-être des jumeaux, car elle était très grosse et se déplaçait lentement en fin de gestation. Mon père l’a fouillée et a découvert qu’un second veau était là, mais qu’il arrivait par l’arrière. Déplier les pattes en direction de la sortie, ne pas blesser la matrice avec les onglons…, grâce à l’habileté de mon père une seconde femelle naissait à 9 h. Nous étions vraiment très heureux. Mais les bonnes surprises n’étaient pas finies. Lorsqu’à 9 h 30, Cédric nous signale la présence d’un troisième veau près de Valence, nous avons immédiatement pensé que celui-ci s’était échappé du box voisin. Mais la réalité était tout autre : notre vache venait de mettre bas d’une troisième velle de plus de 30 kilos, comme ses sœurs. Quelle joie ! Nous en avons laissé une sous la mère, mis les deux autres sous une lampe chauffante et les avons nourries au biberon. L’une d’entre elles, hélas, est morte le 11 novembre d’une forme de grippe. Mais les deux génisses, d’un an aujourd’hui, vont bien. Valence est toujours là et dois à nouveau vêler mi-février ! Les mises bas conditionnent la vie de l’élevage, la relève et notre revenu. Nous espérons toujours le meilleur dans un mélange d’espoir et de crainte. »

Propos recueillis par Monique Roque-Marmeys

(1) Génisse femelle.