« Les blés français perdent des parts de marché auprès de leurs clients traditionnels que sont les pays d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb. Ce phénomène, qui s’amplifie depuis quelques années, a plusieurs causes. D’une part, la concurrence des productions russe et ukrainienne, abondantes et capables de fournir tout au long de l’année. D’autre part, la difficulté des blés français à tenir la comparaison avec les taux de protéines des blés de la mer Noire. Et enfin, les choix spéculatifs des producteurs français.
Il faudrait alimenter les clients en continu, mais les exportations se font sur quatre, cinq ou six mois en fin de campagne. Durant les premiers mois, la commercialisation est au strict minimum. Les producteurs jouent la rétention en espérant ainsi encourager les prix à la hausse. Cette stratégie est contre-productive, le client meunier règle ses moulins dès la récolte et demande ensuite de la régularité. En n’alimentant le marché que sur quatre à six mois, cela pousse les acheteurs à travailler plutôt avec les céréales d’Ukraine et de Russie. Il faudrait au contraire lisser les sorties pour assurer un flux continu sur douze mois, sans attendre que les prix soient intéressants. D’autant que cette spéculation n’est pas nécessairement profitable. Entre juillet 2018 et juin 2019, le cours du blé a enregistré 20 euros d’écart. En défaveur de ceux qui avaient choisi d’attendre. »