«En France, sur les 90 000 ha de lin textile, la part du biologique ne représente même pas 500 ha. La demande est disproportionnée et l’offre très insuffisante », insiste Bénédicte Lapierre, de l’association Lin et chanvre bio (LCBio). Et ce, malgré le presque triplement des surfaces en quatre ans, avec pour cette campagne 200 ha en Seine-et-Marne, « berceau de la culture », 109 ha dans l’Eure, 80 ha en Seine-Maritime et 25 ha dans le Nord.

Si la première opération de teillage est bien réalisée sur le territoire, la seconde, qu’est la filature, est expatriée. Au mieux en Pologne, où l’entreprise française Safilin transforme les fibres textiles, au pire, en Asie. « Puis le lin revient en fil ou en tissu. Toutefois, les Indiens et les Chinois ont compris que la valeur ajoutée se fait sur le produit fini », s’exclame-t-elle.

La filière du lin textile bio a donc un double défi à relever. Le premier est de « faire connaître l’itinéraire de la culture auprès d’agriculteurs bio qui n’en produisent pas, et surtout auprès d’autres qui réfléchissent à une éventuelle conversion de leur exploitation, et qui sont souvent très attachés au lin. »

À « linpossible » nul n’est tenu

Le second est de relocaliser la filature du lin en France. Pour ce faire, le projet LinPossible est porté par des industriels, des marques ainsi que les producteurs via LCBio et la coopérative Terre de Lin. « Le surcoût du fil de lin filé en France est maintenant intégré au prix du produit fini. Les marques versent la différence de coût de revient actuel dans une “cagnotte” hébergée par l’association dans le but, à terme, de financer la relocalisation. Le marché du textile est en transition et beaucoup de signaux arrivent, notamment de la distribution, qui regarde avec attention ce type d’initiatives », poursuit Bénédicte Lapierre.

En Normandie, une unité de tricotage est en projet au sud de Caen, LinPortant, avec un début de production de t-shirts prévu fin 2019-début 2020. Isabelle Lartigot