La récolte française de lentilles, normalement à 25 000 t/an, est divisée par cinq en moyenne cette année. « La météo humide, notamment en juillet, a fortement perturbé le remplissage des gousses », explique Antoine Wassner, de la FNLS (1) et de l’Anils (2). La lentille verte, la plus produite et consommée dans l’Hexagone, est la plus concernée. « Nous étions devenus autosuffisants sur cette lentille, rapporte Antoine Wassner. Avec cette campagne catastrophique, il faudra aller chercher 80 % des besoins sur le marché international. »
Le Canada, premier exportateur mondial de lentilles, a cependant vu ses rendements baisser de moitié à cause du dôme de chaleur. « On a un double effet : des quantités minimes en France, et des lentilles vertes canadiennes qui ne sont pas au rendez-vous, observe Antoine Wassner. L’offre et la demande sont déséquilibrées. Cela donne un cocktail explosif, avec des hausses de prix qui ont doublé en moyenne. » Les lentilles canadiennes couvriront cependant les besoins français. « Les industriels ont fait le nécessaire pour trouver les quantités suffisantes », assure le spécialiste.
Déclin des surfaces
La filière a lancé un appel aux producteurs à resemer pour la prochaine campagne. « La lentille se retrouve en concurrence avec des céréales, du colza, qui ont eux aussi bondi. Sachant que l’année a été difficile pour cette culture, les agriculteurs risquent de s’en détacher. Elle doit rester compétitive », poursuit Antoine Wassner. La France compte plusieurs bassins de production : le Puy et le Berry pour les AOP, mais aussi la Champagne, la Beauce, la Vendée et le Sud-Ouest. Les surfaces avaient déjà marqué un recul entre 2020 et 2021, de 35 000 à 30 000 ha. « La plante est à la mode : les gens veulent retrouver de la protéine végétale. Il serait dommage de revenir à l’importation », déplore Antoine Wassner.
(1) Fédération nationale des légumes secs.
(2) Association nationale interprofessionnelle des légumes secs.