«A dix-sept ans, je suis rentré au lycée militaire de Saintes ( Charente-Maritime), car je ne trouvais pas ma place dans le système scolaire classique, explique Cyrille Dessard, quarante-trois ans, aujourd’hui agriculteur à Sepmes (Indre-et-Loire). L’armée m’offrait des formations appliquées à différents métiers et un débouché à la sortie des études. » Après deux années passées à Saintes, le jeune homme part se spécialiser pendant un an en électrotechnique à Rochefort. Il décroche son premier poste à Metz, en Lorraine. « Je travaillais sur une base de communication de l’armée de l’air, explique-t-il. Mais nous étions dans des souterrains à plusieurs dizaines de mettre sous terre ! Heureusement, nous vivions dans une ambiance de franche camaraderie… J’ai aussi beaucoup appris sur mon métier : gestion des réseaux, fourniture d’énergie… Puis, je suis parti dans une unité projetable destinée à aller sur le terrain. Je voulais aller en opérations et voir du pays. »

Un véritable esprit de fraternité

Dans sa nouvelle affectation, Cyrille est appelé pour des tâches diverses : manœuvres dans différents pays européens, cellule de protection du pape lors d’une visite en France… Il effectuera aussi trois missions de six mois en Afghanistan. « Je devais installer des climatiseurs dans les bâtiments et gérer les groupes électrogènes, raconte-t-il. Là-bas, les conditions de vie étaient difficiles et nous vivions dans un pays en guerre. Heureusement, chacun s’investissait dans le camp et il régnait un véritable esprit de fraternité. Dès qu’un nouveau arrivait, nous faisions tout pour l’intégrer rapidement. »

En 2007, Cyrille est affecté sur une base proche de Tours et se rapproche ainsi de la ferme familiale. L’idée de changer de métier mûrit. « J’ai finalement quitté l’armée pour reprendre l’exploitation céréalière en 2014, passant d’une vie en communauté à un métier plus solitaire, poursuit-il. Je suis rentré dans le conseil municipal et devenu sapeur-pompier, car j’aime avoir des contacts avec l’extérieur. L’armée a son fonctionnement particulier, mais je ne regrette pas cette expérience humaine de plus de vingt ans. C’est une structure qui accueille beaucoup de monde et donne des possibilités d’évolution. »

Denis Lehé