Il y aurait aujourd’hui 80 000 à 100 000 ha de culture de luzerne, non OGM, en Bulgarie. S’il s’agit d’une production traditionnelle, présente dans le pays depuis des décennies, sa culture est restée très longtemps cantonnée aux petites fermes pour nourrir le bétail local. Les grandes structures de plusieurs centaines d’hectares, qui représentent plus de 80 % des surfaces, ne s’y intéressaient guère car elle n’apportait aucune rentabilité.

Depuis 2010, notamment sous l’impulsion et la réussite de la société AJD Agro, véritable fédérateur de la création de la filière (lire l’encadré ci-dessous), les surfaces se sont multipliées. Les gérants de grandes exploitations ont redécouvert les vertus de cette plante, au coût de revient inégalé et qui nécessite peu d’investissements en matériel. La concurrence importante sur les céréales, en provenance de Russie ainsi que d’Ukraine, où les coûts de production sont inférieurs de 15 à 20 %, entraîne une volonté de trouver de nouveaux débouchés. Le pas a donc été franchi par de nombreuses exploitations qui ont converti des hectares de céréales. Les marchés à l’export se sont ouverts avec un potentiel important.

95 % destinés à l’exportation

En 2019, près de 40 000 ha ont été destinés à la déshydratation, dont 95 % ont été exportés, principalement via le port de Varna, à destination de la Chine, du Japon, de la Corée du Sud, des Émirats, de l’Arabie Saoudite ou de la Jordanie. Et ce n’est qu’un début, un objectif de doublement de l’exportation est envisagé à court terme, d’autant plus que l’Union européenne finance facilement les outils de déshydratation. Ceux-ci pourraient se multiplier. En parallèle, des investisseurs d’Arabie Saoudite ainsi que des Émirats s’intéresseraient de près à la Bulgarie.

Pour aider au développement et au stockage, des formations sont mises en place. Elles regroupent les agronomes de grandes structures. Des séminaires sont aussi organisés pour permettre de sensibiliser les agriculteurs afin d’obtenir un standard de qualité répondant aux normes du commerce international.

Christophe Dequidt