«Le sucre brut est passé de 15 cts$/lb (1) avant la crise à 9 centimes au plus fort de celle-ci. Depuis environ quinze jours, on est plutôt autour de 12 centimes », note Thimotée Masson, responsable des affaires internationales de la Confédération générale de la betterave (CGB). Mais bien que le marché mondial du sucre ait retrouvé quelques couleurs ces dernières semaines, « il reste assez fébrile et se cherche un peu », estime-t-il.

Selon le spécialiste, le réal brésilien, bien qu’ayant légèrement augmenté, reste faible et pourrait encore tirer les prix à la baisse. Par ailleurs, le Brésil a produit des volumes importants de sucre. « Dans la région Centre-Sud, grande zone productrice, 46 % de la canne a servi à faire du sucre, contre 33 % l’année passée », précise-t-il.

En revanche, la reprise progressive des prix du pétrole et de l’éthanol, ainsi qu’un bilan mondial déficitaire sont des éléments susceptibles de soutenir les cours.

D’autre part, « personne n’arrive à vraiment estimer l’effet du confinement sur la baisse de la consommation de sucre, ce qui fait qu’on navigue un peu à vue », note Thimotée Masson.

Tenue européenne

Toutefois, sur le marché européen, « les cours se tiennent », poursuit-il. Les dernières données communiquées par la Commission font état, en avril, d’un prix de 371 €/t en sortie d’usine. « C’est mieux que l’année dernière, où l’on était descendu jusqu’à 300 €/t en janvier 2019, mais cela reste, néanmoins, en dessous du prix de référence européen de 404 €/t », souligne-t-il.

Les négociations pour les ventes de sucre 2020-2021 se déroulent en ce moment. « Nous avions des craintes sur la contagion de l’effondrement des prix mondiaux sur le marché européen. Pour l’instant, il semble que ça ne soit pas le cas, car le marché communautaire est en net déficit. » D’autant plus que les rendements des betteraves pourraient être plus bas que prévu. L’analyste craint des dégâts de jaunisse, dont les premiers ronds commencent à apparaître, ainsi que des phénomènes de double levée, en lien avec les conditions sèches de début de campagne.

Hélène Parisot

(1) Centimes de dollar par livre.