Espagne : 38 000 ha touchés

La compagnie d’assurance espagnole Agroseguro estimait, début avril, que le montant des indemnisations dépasserait 55 M€. Au total, les sinistres déclarés portent sur pas moins de 38 000 ha, plantés principalement d’arbres fruitiers, d’amandiers et de vignes à raisin de table. La province de Castille-La-Manche, au sud-est de Madrid, est concernée à hauteur de 11 800 ha. Le gel a surtout endommagé les abricots, les pêches et les amandes. Les dégâts se sont étendus jusqu’à la province d’Estrémadure sur ces mêmes cultures. À l’Est, la Catalogne et l’Aragon ont payé un lourd tribut suite aux chutes de températures (jusqu’à - 5 °C), avec respectivement 8 800 et 8 200 ha affectés, surtout dans la culture de pêches, poires, pommes et abricots.

Dans la vallée de l’Ebre, la récolte de cerises est attendue en baisse de 20 à 30 %. Des dommages ont aussi été signalés dans la culture de fruits dans les provinces de Saragosse, Valence, et les régions de Navarre et de la Rioja. La saison pourrait aussi souffrir à certains endroits des fortes pluies qui ont sévi ces dernières semaines.

Italie : assurances saturées

Du côté de l’Italie, même s’il est trop tôt pour évaluer tous les dommages, du nord au sud, les cultures maraîchères et les vergers sont les plus frappés. Au nord, de la Vénétie au Piémont en passant par la Lombardie, la Toscane et l’Émilie-Romagne, les blés, orges et betteraves sont atteints, « même si les dégâts semblent moins graves qu’au premier abord », explique Ettore Menozzi, céréalier à Padoue. Certaines cultures arrivent à redémarrer. Ses confrères arboriculteurs sont moins optimistes. L’impact du gel a été d’autant plus fort que, quelques jours avant, la végétation s’épanouissait sous 29 °C, et que le déficit hydrique avait déjà affaibli les cultures. Le système d’assurance très développé en Italie, soutenu par des fonds européens, et à défaut nationaux ou régionaux, sature face aux récurrents événements climatiques extrêmes.

Allemagne : pire en 2017

De l’autre côté du Rhin, la vague de gel a provoqué moins de dommages que celle du printemps de l’année 2017, et a concerné principalement le sud-ouest du pays, à proximité des frontières françaises.

Selon l’assureur Vereinigte Hagel, environ 30 000 ha sont abîmés, dont 7 000 sont assurés. Les dégâts sont estimés autour de 30 M€ pour les surfaces couvertes par l’assurance. Fruits, vignes et betteraves ont été les plus impactés. En Hesse, 10 % des surfaces betteravières ont été touchées. 30 % des grappes de Lemberger, un cépage à floraison précoce, ont été gelées dans le vignoble du Wurtemberg, d’après l’association locale des vignerons.

En Allemagne, la couverture contre le gel est moins fréquente que dans d’autres pays européens car les primes d’assurance ne sont pas subventionnées par l’État. Pour le moment, aucun coup de pouce financier public n’a été décidé.

L. André, M. Cessac et N. Savin