«Quand je dois aller voir un agriculteur qui a besoin de parler, comme dans quelques jours, je me prépare toujours à cette rencontre dans la prière. » Animé par la foi, Jean-Claude Foubert est éleveur laitier à Contest, dans le nord de la Mayenne. Marié et père de quatre filles, il est aussi diacre au sein de l’Église catholique depuis dix-sept ans. À ce titre, il célèbre des mariages, baptêmes et funérailles. Il poursuit aussi une mission spécifique, directement liée à son métier, que lui a confié l’Église.« Le jour de mon ordination, je n’ai pas été attaché à une paroisse, mais à mon milieu professionnel, raconte Jean-Claude. Plus précisément, l’évêque m’a demandé de travailler à l’avenir d’un monde rural plus humain et d’être attentif aux agriculteurs qui vivent des difficultés. » Vaste tâche pour cet homme de soixante ans, formé au MRJC (1), puis au CMR (2), aujourd’hui vice-président de Solidarité Paysans 53.

« Ce qui m’intéresse, c’est d’être là où se dessine l’avenir des hommes et, que ce soit dans une réunion de Cuma ou pendant un repas d’ensilage, de savoir témoigner du message de l’Évangile », confie-t-il.

Une place pour l’Homme

Missionné par l’Église, Jean-Claude n’hésite donc pas à solliciter sa hiérarchie. En 2008, en pleine crise laitière, il décroche son téléphone et invite l’évêque sur une exploitation : « Je voulais que l’Église soit à nos côtés, ne nous oublie pas. » L’an dernier, alors que le « conflit Lactalis » bat son plein, il récidive et rassemble tous les syndicats agricoles du département pour une réunion de réflexion (lire l’encadré). « Notre milieu a besoin de s’interroger sur le sens de la création et de restaurer une qualité d’écoute entre nous », dit-il.

Il y a plus de vingt ans, questionné par un prêtre, Jean-Claude avait refusé d’envisager le diaconat : « Je trouvais ça trop compliqué. » Aujourd’hui, il n’hésite pas à dire que sa mission le rend heureux. « Cet engagement équilibre ma vie au travail, affirme-t-il. Il me donne la possibilité de porter mes valeurs et ma foi au monde. Je crois aussi que ma mission porte des espoirs pour ceux d’entre nous qui souffrent. Tous ces agriculteurs sans voix, qui ont besoin d’être mis en valeur et être soutenus pour pouvoir se relever. »

Anne Mabire

(1) Mouvement rural de jeunesse chrétienne.

(2) Chrétiens dans le monde rural.