La Croatie vient de prendre pour six mois les rênes du Conseil de l’Union européenne. Elle passera le flambeau le 1er juillet prochain à l’Allemagne. La Finlande, présidence sortante, lui laisse en héritage nombre de dossiers ouverts, qu’elle n’aura pu faire avancer faute de volonté politique des autres États membres : budget européen pour la période 2021-2027, relation future entre le Royaume-Uni et l’UE à vingt-sept, réforme de la Pac, green deal européen…

Trouver un accord budgétaire pour la période à venir s’avère le préalable à toute avancée sur les autres sujets. La dernière proposition, présentée par la présidence finnoise le 2 décembre, n’a pas convaincu. Elle se voulait être un compromis entre une Allemagne refusant de payer plus et les ambitions nouvelles avancées par la Commission von der Leyen et adoubées par le Conseil. La Finlande n’a, en fait, proposé qu’un budget global européen en reconduction par rapport au budget actuel, en baisse de 13 % pour la Pac, et inférieur sur les aspects climatiques aux propositions de la Commission. L’équipe de négociation du Parlement européen a réagi en signalant une proposition bien en deçà des attentes du Parlement et des citoyens, la jugeant insuffisante pour respecter les engagements pris par l’Union et pour mettre en œuvre le programme de la nouvelle Commission.

De fait, beaucoup doutent de la possibilité pour la Croatie de faire avancer ces dossiers, et parient sur une relance effective des négociations sous présidence allemande. L’Allemagne serait alors contrainte de trouver des compromis et de desserrer les cordons de sa bourse. Alors, les négociations sur l’avenir de la Pac ne pourraient redémarrer qu’à l’automne 2020, pour une mise en œuvre, au mieux, au 1er janvier 2023, voire 2024, si les parlementaires voulaient éviter un télescopage entre la première année d’application de la dite réforme et les prochaines élections européennes. En tout état de cause, les principes auxquels les plans stratégiques nationaux devront répondre ne seront pas stabilisés avant 2021 et les règles précises seront connues plutôt vers l’automne 2021, quand les actes délégués mettant en musique l’accord seront définis. Cela suggérerait des négociations entre le gouvernement français et les parties prenantes juste en amont de l’élection présidentielle de 2022.