Le blé argentin HB4 est le résultat de quinze ans de recherches, soutenues par l’université du Littoral à Santa Fe et le Conseil national des recherches scientifiques et techniques (Conicet), à Buenos Aires. L’objectif était d’obtenir une variété résistante à la sécheresse, assurant des rendements importants.
« Le blé HB4 possède un gène de tournesol (Helianthus annuus), qui permet sa culture dans des conditions de stress hydrique », explique l’ingénieur agronome Francisco Ayala, responsable de produit chez Bioceres, l’entreprise qui développe cet OGM. « Nous avons également incorporé un gène de tolérance au glufosinate d’ammonium, pour faciliter le contrôle des mauvaises herbes. »
Un rendement accru de 15 %
Le HB4 peut ainsi donner de meilleurs rendements (+ 15 %), permettre de développer la production de blé dans des zones sèches (où aujourd’hui la culture est très difficile) et d’utiliser plus efficacement des herbicides, évitant la prolifération d’adventices résistantes.
« La culture du blé est fondamentale pour la durabilité des systèmes extensifs en Amérique latine, et sa compétitivité est décisive si nous voulons encourager la double production blé-soja », affirme Federico Trucco, PDG de Bioceres. Selon lui, le développement de ce blé OGM permet à cette culture d’importance mondiale de ne plus être exclue des recherches en biotechnologie. « C’est inconcevable de ne pas utiliser les outils de la science pour améliorer une culture centrale pour l’humanité, confie-t-il. Le saut productif du blé avec la biotechnologie est énorme, alors le but de Bioceres n’est pas de copier ou d’améliorer légèrement ce qui existe déjà, mais d’offrir une nouvelle proposition productive. » Des essais en plein champ prometteurs ont été réalisés par Trigall Genetics, société créée par Bioceres et le semencier français Florimond Desprez.
Et pourquoi ne pas aller plus loin ? « Si la biotechnologie contribue à augmenter les performances de la culture du blé, nous allons pouvoir l’utiliser pour travailler sur la nutrition animale, la bioénergie ou encore la biomasse », prévoit Federico Trucco.
Exportations
Pour sa part, le docteur Raquel Chan, chercheuse au Conicet, qui a travaillé à l’élaboration du blé HB4, est fière. « Nous avons obtenu cette technologie avec très peu de ressources, beaucoup d’imagination et de travail. Si ce blé arrive sur le marché, cela marquera un avant et un après pour l’Argentine, qui cessera d’être un simple consommateur des technologies développées à l’étranger, pour devenir un pays qui les exporte. »
Si l’autorité nationale compétente (Conabia) a autorisé le développement du blé HB4, sa mise sur le marché ne dépend plus que du ministère de l’Agriculture, qui doit donner son feu vert.