Ces douze derniers mois, des records de précipitations ont été battus aux États-Unis. Avec les chutes de neige tardives d’abord, puis de fortes pluies, la situation est rapidement devenue critique dans le centre du pays. Pour ne rien arranger, la saison des tornades s’avère particulièrement intense cette année.

Récolte anticipée de maïs

Le Nebraska a été l’un des premiers États touchés. S’il est trop tôt pour disposer d’un chiffre définitif, on estime à plusieurs milliers le nombre de bovins et porcs piégés par la montée des eaux. M. Rusicka, qui a perdu plusieurs veaux, a décrit la scène au New York Times : « On ne savait pas quoi en faire, on n’avait pas assez de temps. C’était les sacrifier ou se sacrifier. » En outre, les inondations ont laissé d’importantes quantités de sable, qui compromettent la reprise des prairies et les prochaines récoltes. Le syndicat agricole Farm Bureau demande au département de l’agriculture (USDA) l’autorisation de récolter de façon anticipée du maïs, et de pâturer des surfaces non semées pour pallier les manques de fourrage.

Beaucoup de dégâts matériels sont à déplorer, comme dans l’Iowa où plusieurs silos à grains ont été détruits. Les crues ont sérieusement perturbé la logistique fluviale, notamment sur le Mississippi ou la rivière Missouri. Beaucoup d’opérateurs ont dû transporter leurs marchandises par le rail et par la route. En pleine période de semis, les approvisionnements en engrais et semences ont fortement ralenti. L’acheminement du soja par barge a lui aussi été limité, alors que le mois de mai était particulièrement chargé pour l’export.

Les semis sont très perturbés un peu partout dans les états de la Corn Belt. L’Illinois, deuxième producteur du pays, n’a semé que 88 % des surfaces prévues, alors que les chantiers sont d’habitude largement terminés en juin. Dans l’Indiana voisin, 84 % de la sole est ensemencée. La fenêtre de semis de soja, plus tardive, pourrait être une solution, mais il y a aussi du retard. L’USDA a déjà baissé ses perspectives de production de maïs de 9 % pour la prochaine récolte. Le marché de Chicago l’avait toutefois anticipée en gagnant près de 35 $/t depuis la mi-mai.

Réaction du gouvernement

Une enveloppe de 19,1 milliards de dollars pour les dernières catastrophes climatiques va être accordée via le « Disaster Bill » signé par Donald Trump. Trois milliards sont prévus pour les inondations. Le président du Farm Bureau, Zippy Duvall est soulagé. « C’est la pire année de semis connue pour beaucoup de productions. Des agriculteurs ont presque tout perdu. Cette décision va nous aider à passer la tempête. » Mais entre les dégâts sur les installations civiles et dans les exploitations, les contours de la distribution des aides restent à définir.

Malgré le répit des derniers jours, semer ou non reste un casse-tête pour les agriculteurs. Les assurances-récoltes accordent un montant très différent selon un calendrier spécifique à chaque région. Celui-ci comprend une période normale de semis, suivie d’une période tardive pendant laquelle les agriculteurs doivent déclarer leurs intentions définitives. Des milliers d’hectares restent toujours impraticables.

Benoît Devault