La Commission européenne prévoit de revoir toute la législation affectant l’agriculture et les forêts, pour s’assurer qu’elle est conforme à l’ambition renouvelée en matière de climat et de biodiversité. Mais elle semble se limiter, pour la Pac, aux discussions sur la réforme en cours, pour chercher à assurer une ambition élevée aux « plans stratégiques des États membres ». S’agissant de la stratégie annoncée « De la ferme à la fourchette », la Commission prévoit de présenter un Livre blanc au printemps prochain, en vue de « déployer un ensemble complet d’initiatives à partir de fin 2020 ». Parmi elles, une boîte à outils pour des alternatives aux pesticides, une position sur les nouvelles techniques de sélections variétales (NBTs), une réforme des règles d’information des consommateurs sur les aliments et enfin, une série d’actions contre le gaspillage alimentaire. La portée de cette stratégie semble, pour l’heure, limitée. Elle n’aborde pas la transition vers des systèmes agricoles plus respectueux de l’environnement, elle est silencieuse sur la chaîne de valeur et timide sur les réponses à apporter aux préoccupations des consommateurs en matière de nutrition.

La semaine dernière, lors d’un forum au Parlement, rassemblant décideurs européens, représentants d’États membres et professionnels, un consensus a émergé sur la nécessaire cohérence entre la réforme de la Pac, le Green Deal et la stratégie de la Commission. L’objectif d’une transition vers la neutralité carbone des systèmes agricoles européens a été marqué comme prioritaire. Mais la Pac réformée saura-t-elle anticiper les débats liés au Green Deal, en mettant en place des outils d’incitation à une telle transition partout en Europe dans le premier pilier, et confortant cette orientation par une politique dynamique d’investissements dans les fermes ? Pour cela, le projet de réforme de la Commission devrait être remanié, pour remettre des orientations et niveaux d’ambition communs à la Pac et non pas transférer la responsabilité aux États membres de définir leur propre politique agricole. Et puis, quid du règlement de transition qui fera le pont entre la Pac actuelle et la mise en œuvre de la prochaine à compter, au mieux, de 2023 ? À minima, la dynamique d’investissement et la gestion des risques et des crises devraient y trouver des réponses concrètes dès le 1er janvier 2021.