Le green deal européen est présenté comme le programme stratégique de la nouvelle Commission, dont l’ambition semble se limiter à la proposition de réforme actuelle. Elle promet de « veiller à ce que les plans stratégiques nationaux reflètent pleinement l’ambition du green deal et de la stratégie “de la ferme à la fourchette” ». Bruxelles indique vouloir évaluer ces plans stratégiques en fonction de critères climatiques et environnementaux, qui restent à définir. Selon elle, ces plans devraient conduire à l’utilisation de pratiques durables, telles que l’agriculture de précision, l’agriculture biologique, l’agroécologie et l’agroforesterie, et à des normes de bien-être animal plus strictes. En fait, le niveau d’ambition n’est défini qu’à travers un objectif d’allocation d’au moins 40 % du budget global de la Pac à des actions pour le climat.
Dans le même document, la Commission déclare aussi qu’elle identifiera les mesures nécessaires pour réaliser ces ambitions. La possibilité d’utiliser des outils législatifs supplémentaires, en dehors de la Pac, est accréditée par l’adoption, en 2021, d’un plan d’action zéro pollution pour l’air, l’eau et le sol.
Sur la stratégie « de la ferme à la fourchette », Bruxelles annonce un document pour le printemps 2020. Elle ne dit rien sur le sujet des nouvelles techniques de sélection variétale, nonobstant ses interventions en faveur d’une nouvelle réglementation devant le Parlement européen. Par ailleurs, le texte semble accepter la situation actuelle qui permet l’importation de produits agricoles provenant de zones de déforestation. Le respect des standards environnementaux dans les échanges commerciaux est mis en défaut.
La Commission n’échappera donc pas à la critique selon laquelle une politique aussi fondamentale que la Pac doit être adaptée au green deal. Or, Bruxelles ne peut assurer quoi que ce soit en la matière, puisqu’elle entend confier aux États membres la responsabilité de définir les politiques, sans fixer d’objectifs mesurables à l’échelle de l’Union européenne. Le nouveau paquet annoncé pour aider les pays à passer à la neutralité carbone renforce le défi de revenir sur la coupe du budget Pac, comme proposé par la Commission.