Avec des paiements de plus de 4 milliards d’euros par an, la Pologne est le cinquième bénéficiaire de la Pac. Ces fonds ont apporté un soutien direct et massif aux revenus de 1,3 million de ménages. Grâce aux efforts de modernisation et à l’accès au marché européen, Varsovie est passée, en vingt ans, du statut d’importateur net de produits agroalimentaires à celui de grand exportateur.
Développement rural
Dans une situation aussi favorable, la position officielle à l’égard de la Pac post-2020 se concentre sur la défense du statu quo, en particulier en termes de moyens. La Pologne s’oppose à toute baisse du budget de la Pac et à un cofinancement national du second pilier, car selon elle, cela freinerait le développement rural des pays moins riches.
En même temps, Varsovie continue de revendiquer l’égalité des paiements directs à l’hectare entre les différents pays de l’UE, au motif que les « standards de production sont les mêmes », alors que les paiements de base s’élèvent aujourd’hui à 107 €/ha en Pologne, à plus de 300 € aux Pays-Bas et en Grèce, mais à moins de 100 € dans les pays baltes. À défaut d’obtenir une « convergence complète », le gouvernement polonais veut une « différenciation » entre États vis-à-vis des nouvelles obligations, notamment en matière environnementale et climatique. Il estime que le renforcement de ces objectifs « requiert, a minima, le maintien du budget de la Pac à son niveau actuel ».
Concernant la surconcentration des aides au profit d’une poignée de très grosses exploitations, Varsovie qualifie l’idée de plafonnement de « plus restrictive et plus complexe que le mécanisme actuel ». Elle considère cette question comme « non prioritaire, en raison du faible nombre d’exploitations qui seraient affectées en Pologne ».
Si la position gouvernementale correspond dans l’ensemble à celle du réseau des chambres d’agriculture polonaises, elle se distingue sur un point important. Selon l’économiste agricole Jerzy Wilkin, sur les 1,3 million de foyers bénéficiaires de subventions, au moins 600 000 vivent d’emplois à la ville et gardent le statut d’agriculteur pour jouir d’avantages fiscaux et sociaux. Afin de lutter contre ce détournement, la Commission européenne envisage de réserver les aides aux « véritables agriculteurs ». Une mesure que ceux-ci saluent, mais que le parti au pouvoir voit d’un mauvais œil, de peur de perdre des voix dans les campagnes.