Les députés européens ont commencé à se pencher sur l’épineuse question de comment reprendre les travaux de la réforme de la Pac. Ils ont tenté, en marge de la session plénière de Strasbourg, de discerner quelles parties devraient être rouvertes à la discussion, afin d’enrichir d’une orientation renouvelée - s’il y a lieu - la position votée par la Comagri au printemps dernier. Là, les choses se compliquent entre les tenants d’une remise à plat quasi-intégrale et ceux d’un ajustement plus chirurgical.
Au sein même des groupes politiques, les stratégies s’affrontent. Seuls les verts sont unis pour tout rediscuter et tenter de marquer davantage le terrain des négociations. De fait, la perspective d’une position du Parlement européen, permettant de débuter ensuite des négociations avec le Conseil, s’éloigne pour voguer plus vers le printemps 2020, voire le mois de septembre. La future Pac sera-t-elle prête à être mise en œuvre au 1er janvier 2022 ?
Hypothétique, voire irréaliste, de l’avis non seulement d’eurodéputés mais aussi d’États membres comme l’Allemagne, qui s’est exprimée en groupe de travail du Conseil sur cette affaire. Rouvrir des discussions, mais pourquoi ? À cet égard, la proposition de France Stratégie (voir La France agricole n° 3823, p. 24), club de réflexion du Premier ministre français, a été brièvement évoquée lors d’une réunion au Parlement européen. L’idée de verser les aides à l’actif, plutôt qu’à l’hectare, a provoqué le regard amusé de pays affichant entre un et deux millions d’actifs agricoles. Ils ont vite calculé l’aubaine financière de cette subvention directe européenne : jackpot pour ces pays avec un doublement, voire un triplement de leur enveloppe du premier pilier et une division par deux de celle de la France !
Scepticisme d’autres pays face à une mesure non crédible au niveau européen, qui induirait - si elle devait voir le jour de façon optionnelle nationale - une régression de la présence française sur les marchés agricoles, tant animaux que végétaux.
Que des Français proposent un tel salaire minimum agricole, sans rapport avec le recul de la performance économique que cela provoquerait dans les fermes de l’Hexagone, reste un mystère pour la plupart des décideurs bruxellois. Pour autant, les concurrents de la France en auraient déjà l’appétit aiguisé.