«Les 24 000 établissements d’agritourisme italiens ont perdu 970 millions d’euros au printemps en raison du confinement », selon Elisabetta Montesissa, responsable de l’agritourisme pour le syndicat agricole Coldiretti. Depuis le déconfinement, les réservations reprennent mais pour des courts séjours de dernière minute.

Retour à la normale en 2021

« Il faut faire plus preuve d’adaptation que d’anticipation, alors que les circonstances sanitaires nécessitent une organisation rigoureuse. » Elle estime qu’en raison des mesures barrières, le retour à la normale n’interviendra pas avant le printemps 2021 pour les 253 000 lits et 442 000 couverts de la Péninsule. En Italie, l’agritourisme vit d’une clientèle internationale à 59 % qui, cette saison, ne peut pas ou ne veut plus voyager au-delà des frontières. D’autant plus que la pandémie du Covid-19 en Italie a été très relayée par les médias internationaux. « Cet été, il va falloir se dédier à la clientèle nationale », pronostique-t-elle. Toutefois, cette dernière n’a pas le même pouvoir d’achat que la clientèle internationale et ne complète pas aussi facilement son déjeuner ou son séjour par des achats à la ferme de produits qu’elle connaît et trouve ailleurs. Ce sera un autre manque à gagner.

Pour sa réouverture début juin, Diego Scramuzza, céréalier en Vénétie, a investi 2 000 € entre un parasol, des tables supplémentaires, des paniers à pique-nique, des emballages, etc. « Nous avons passé plusieurs jours à supprimer toute la déco qui ne peut pas être désinfectée et qui pourtant faisait le charme des lieux », explique-t-il. Il sous-traite dorénavant la gestion du linge à une entreprise qui lui garantit la désinfection. « Il faut maintenant convaincre les clients­ que notre personnel et nos locaux sont fiables. Avant, on communiquait sur la qualité des produits et la convivialité », regrette-t-il.

De 50 à 20 couverts

Même si, dans les fermes, les locaux sont vastes et multiples, Diego a réduit de 50 à 20 couverts la capacité de sa ferme-auberge, afin de respecter les distances. Fini les grandes tablées où les clients sociabilisaient et se servaient au buffet. Il propose désormais des repas assis à un mètre les uns des autres, servis à l’assiette, et des pique-niques en extérieur, en bord de champ, « mais tributaires de la météo ». Diego et Elisabetta constatent que la convivialité très attendue par les clients doit être réinventée. Elle va passer encore plus par le personnel de service qui, bien que masqué, doit raconter à défaut de montrer. Cette année, Diego n’emploiera que quatre saisonniers au lieu de six.

Quant aux 3 000 fermes pédagogiques qui n’ont pu accueillir les sorties scolaires, elles espèrent attirer les centres de loisirs grâce à leurs grands espaces d’accueil et leurs activités de plein air. Dans certaines régions, les aides sociales pour garde d’enfants seront même utilisables cet été dans les fermes pédagogiques participant à l’opération. En Toscane, Barbari Coli a d’ailleurs prévu de convertir sa ferme pédagogique en centre de loisirs, pour ne pas perdre son année.

Nadia Savin