« Depuis la mise en service du pont de Kertch en mai 2018, les tensions entre l’Ukraine et la Russie ne font que grimper. Ce pont ouvre à la Russie une connexion routière à la Crimée par le détroit de Kertch, situé entre la mer d’Azov et la mer Noire. Mais il permet également à Moscou de contrôler la circulation des bateaux ukrainiens. Ce pont de 18 km a été construit en dépit des normes maritimes internationales. S’il permet de laisser passer les bateaux russes (depuis le port de Rostov au tirant d’eau de moins de 5 mètres), il est trop bas pour les gros gabarits ukrainiens. Les deux ports ukrainiens très importants, de Marioupol au tirant d’eau de près de 9 mètres pour le grain et celui de Berdyansk au tirant d’eau de 7,50 mètres, sont donc en souffrance. Depuis le mois de mai, 20 % des bateaux ukrainiens ont disparu des radars, alors que, dans le même temps, ironie de la situation, la Russie a atteint une exportation de grains record. Le pont de Kertch est, en fait, adapté à la taille des bateaux russes. Par ailleurs, ces derniers sont beaucoup moins contrôlés par les douanes russes, qui ont tendance à faire du zèle avec les Ukrainiens. Moscou pourrait même imposer un péage aux bateaux ukrainiens. Résultat : l’Ukraine a dû s’adapter et, aujourd’hui, moins de 5 % de ses volumes de grains exportés passent par la mer d’Azov. Plus de 95 % partent des ports de la mer Noire (Mykolaïv, Yuzhnyy, Odessa et Illichevsk). Mais, plus largement, les relations tendues entre deux pays, ce n’est jamais bon pour le marché. »