Des chiffres préoccupants révèlent l’impact du changement climatique en Australie sur l’agriculture. Au sud du pays, dans l’état du Victoria, 6 000 hectares sont partis en fumée à cause d’incendies. Dans l’état du Queensland, au nord-est, 60 % des terres agricoles ont été touchées par la sécheresse alors que les températures ont avoisiné les 50 degrés fin 2018. Une année de pluviométrie est ensuite tombée en quelques jours dans le nord. Le constat est sans appel : plus de 500 000 bovins ont été tués par ces moussons , soit 95 % de pertes par endroit. Le Premier ministre, Scott Morrison, estime que certains éleveurs ont perdu « entre 40, 50, voire 100 % de leur bétail ».

Prix de la viande

Les pertes économiques sont colossales. Les dégâts se chiffrent à plus d’un milliard de dollars. « Certains ont dû abattre leur bétail après la sécheresse et ont perdu d’autres animaux lors des inondations, d’où une augmentation du prix de la viande, notamment sur les marchés des producteurs », affirme Jane Adams, porte-parole de l’association Australian farmers markets. Pour Michael Guerin, P.-D.G. d’AgForce Queensland farmers Ltd : « Il s’agit d’une perte partielle, voire totale de la capacité de production. » Et le service météorologique ne laisse rien présager de bon.

Pour faire face à cette situation tragique, certains représentants agricoles ont mis en place des dispositifs afin d’éviter une augmentation des suicides, dans un pays où les paysans vivent souvent très à l’écart des populations. « Nous maintenons une collaboration étroite avec Royal flying doctor service afin d’apporter un soutien médical plus que nécessaire », confie Michael Guerin.

Du côté des agriculteurs, même si ces dérèglements climatiques les rendent pessimistes, l’entraide reste prioritaire et certains essayent de rebondir avec les moyens du bord. « Des exploitations familiales ont utilisé leurs réserves et leur approvisionnement en eau domestique pour développer des cultures comme des haricots, pour les vendre sur les marchés. Leurs champs de blé ayant été décimés », explique Jane Adams. Certains éleveurs ont largué, par hélicoptère, du fourrage aux bêtes qui survivent difficilement.

Le gouvernement, quant à lui, n’a pas tardé à faire part de son soutien financier à la profession. Une enveloppe de 56 millions d’euros a été versée pour les pertes économiques et matérielles et 1,78 million d’euros supplémentaires est destiné à l’aide psychologique. Un fonds de 3,47 milliards d’euros a par ailleurs été créé, fin 2018, pour mieux préparer à de nouveaux épisodes de sécheresse. Au rythme des intempéries qui se succèdent, le budget risque de dépérir très rapidement. Charlène Bourlon