Certains prônent la proximité, d’autres voient plus loin. Si les échanges intracommunautaires sont considérés comme un débouché export pour les céréales françaises (avec le blé en tête de proue), là il s’agit de viser l’Afrique noire, l’Asie du Sud-Est… Vraiment loin donc. Comment réussir alors que les prix gouvernent les échanges internationaux, avec des mastodontes ultra-agressifs sur le marché comme la Russie et l’Ukraine ?

Agridées a traité la question (1). Pour se démarquer des céréales de la mer Noire, dont le blé est vendu à des prix redoutablement concurrentiels, trois pistes peuvent être explorées : « Il est nécessaire d’améliorer la compétitivité à tous les stades de la filière. On observe une forte dispersion des comportements sur les exploitations françaises, notamment en termes de mécanisation et de stratégie d’utilisation des intrants, dont les chiffres moyens peuvent être améliorés », analyse Yves Le Morvan, responsable filières et produits du Think Tank.

Puis, il serait utile d’optimiser l’organisation de toute la chaîne - bien que la France soit le premier exportateur de céréales en Europe - car, aujourd’hui, « chaque segment a son propre fonctionnement. Il n’y a pas de stratégie collective d’exportation ». Or, c’est indispensable si l’on veut éviter un avenir subi, gouverné par des géants industriels mondiaux.

Ouvrir les horizons

Enfin, la qualité (teneur en protéines et « blés panifiables pluriels ») est un facteur de diversification de l’offre et de la clientèle en adaptant les blés aux demandes spécifiques, que ce soit pour des nouilles asiatiques ou en alimentation animale. Alors que « la France a perdu son client égyptien », elle mise plus de la moitié de ses exports vers les pays tiers sur l’Algérie, qui pourrait facilement se tourner vers les origines mer Noire. Il est donc temps pour l’Hexagone - et l’Europe - de développer ses échanges avec le Viêt-nam, la Corée du Sud ou la Chine (lire l’encadré). Isabelle Lartigot

(1) Colloque Agridées « Filière céréalière française : construire une stratégie d’exportation », le 22 janvier 2019.