Il se nomme Kipster. Il se trouve à Venray, aux Pays-Bas. Et il revendique le titre de meilleur élevage de poulets au monde en termes de bien-être animal et d’environnement. Pas de cage mais des perchoirs à foison, un sol que les poules peuvent gratter, de la lumière naturelle, un accès à l’extérieur et une alimentation sur mesure, élaborée par une petite société néerlandaise, Nijsen Granico. Lancée par cinq associés, l’exploitation a démarré en septembre 2017. Elle tourne actuellement avec 24 000 pondeuses de la race dekalb white. Fournies par l’entreprise Hendrix genetics, les poules sont réparties en groupe de 6 000. Un second élevage est en projet à Beuningen.
Des œufs mieux valorisés
La commercialisation se fait de préférence en circuit court, mais pas dans des magasins de produits bio. Le distributeur de Kipster est le hard-discounteur allemand Lidl. Partenaire du projet depuis l’origine, il accepte de payer un surcoût (non-divulgué) pour des œufs difficilement attaquables sur le plan du bien-être animal.
Les associations de défense des animaux approuvent, qu’elles soient réformistes, comme Welfarm, ou même abolitionniste, à l’image de Eyes on animals (EoA). Cette dernière est pourtant très proche des Français de L214. Sa fondatrice, Lesley Moffat, entretient avec les éleveurs des relations parfois conflictuelles, mais souvent constructives. « Les Hollandais ont compris que le bien-être animal allait devenir rapidement un argument commercial fort et qu’il fallait prendre de l’avance », analyse-t-elle.
Eyes on animals tente actuellement de diffuser, aux Pays-Bas, la méthode dite « suédoise » pour vider les poulaillers. Elle consiste à attraper les poules à deux mains par le dessous et non par les pattes. Kipster a accepté de la tester en janvier dernier. « L’évacuation des poules a pris deux fois et demie plus de temps, commente Ruud Zanders, un des fondateurs de Kipster. Nous sommes en train d’évaluer le surcoût par rapport à la méthode traditionnelle. » Un autre producteur de volailles néerlandais, Rondeel, a aussi pris le virage du bien-être animal. « Nous sommes des exceptions dans le pays », admet Ruud Zanders. Pour le moment, car tout porte à croire que la concurrence entre distributeurs va accentuer la pression sur les éleveurs.
En décembre 2018, Casino a passé un accord avec trois associations (Droit animal, éthique et sciences, Welfarm et l’OABA) pour créer un étiquetage « bien-être animal ». Le groupe affiche son intention de bannir les œufs de poules en cage en 2020, ce que fait déjà sa filiale Monoprix.