«C’est l’une des plus graves sécheresses que nous avons traversées », déplore Tony Mahar, directeur de la National Farmers Federation (NFF), la principale association agricole australienne. Dans le Queensland et le New South Wales, faute d’herbe, le bétail en est réduit à manger de la pulpe d’oranges. Les cartes du service de météorologie (BOM) le confirment : pendant les dix-sept derniers mois, dans ces régions de l’est du pays, les précipitations n’ont jamais été aussi faibles.

Une demi-campagne

La fin du mois de septembre correspond au milieu de la campagne céréalière en Australie. Les perspectives, pourtant, sont déjà sombres. « Une grande partie de la récolte va avorter, prévient Tony Mahar. Les agriculteurs sont déjà en train de récolter des céréales immatures, pour en faire des fourrages. » Des apports qui permettraient de stabiliser le marché de l’alimentation du bétail, car avec la rareté de l’herbe, le prix des fourrages a triplé dans certaines zones. Et la situation pourrait perdurer, d’après Tony Mahar, puisque « les prévisions météorologiques pour les six prochains mois demeurent pessimistes ».

Avec la sécheresse, les volumes d’irrigation accordés sont également très faibles, limitant les possibilités des exploitants en termes d’assolement. « Le pays produira très peu de coton et de riz cette année », prévient Tony Mahar.

Le ministre australien de l’Agriculture a annoncé une enveloppe de 62 millions d’euros pour aider les 24 000 exploitants concernés. Pour une partie des agriculteurs, cependant, il est déjà trop tard. Certains traversent cette année leur sixième ou septième sécheresse consécutive.

Se préparer au pire

Ceux qui le peuvent préparent dès à présent le prochain épisode difficile. « Nous travaillons sur la planification des semis, sur le sans labour et sur le stockage de l’eau », explique Tony Mahar. Sur ce dernier point, les exploitants australiens ne sont pas mieux lotis qu’en France. « Les procédures administratives rendent très difficile la construction de barrages ou de lacs. Nous essayons de militer pour concilier l’exigence environnementale avec l’urgence sociale à laquelle notre monde rural fait face », confie le directeur de la NFF.

Seul aspect positif de ces conditions climatiques difficiles, l’Australie pourrait bientôt devenir modèle en matière de gestion des sécheresses. « Nous pouvons conseiller les autres pays sur l’irrigation, ou sur les techniques sans labour, pour lesquelles nous sommes l’un des leaders mondiaux », se félicite Tony Mahar.

Ivan Logvenoff