La nouvelle présidente de la Commission européenne a fait son choix d’équipe. Pour l’agriculture, elle propose le polonais Janusz Wojciechowski. Eurodéputé durant quinze ans et représentant de la Pologne à la Cour des comptes européenne ces cinq dernières années, il s’y est fait remarquer par ses prises de positions en faveur du bien-être animal et contre les OGM.

La lettre de mission que lui a adressée Ursula von der Leyen lui demande de conclure dans les meilleurs délais la réforme de la Pac. Dans ses premières déclarations, le commissaire candidat prend quelques distances par rapport aux propositions avancées par son prédécesseur, Phil Hogan. Certains aspects doivent être revus selon lui, alors que le Parlement devrait décider cette semaine de poursuivre les négociations sur la base des travaux du Parlement précédent. Le nouveau commissaire devra donc agir s’il veut rectifier le tir, lors des discussions tripartites Parlement-Conseil-Commission, en mettant sur la table des notes informelles et suggestions de modifications, et convaincre les eurodéputés et ministres de les utiliser. S’agissant de l’objectif de conclure un accord « dans les meilleurs délais », Janusz Wojciechowski devra aussi composer avec le temps de négociation du Parlement européen et du Conseil des ministres de l’Agriculture. Le premier avait lancé, avant les élections européennes, le message qu’il ne comptait ni sacrifier la substance­ ni confondre vitesse et précipitation. Le second attend que les discussions sur le budget européen soient suffisamment avancées pour s’engager dans de véritables négociations sur la Pac. Ce faisant, on voit mal aujourd’hui comment l’ensemble d’un nouveau dispositif serait prêt à être mis en œuvre sur le terrain avant 2023 minimum.

Les discussions sur des règlements de transition deviennent urgentes et prennent une dimension politique certaine, vu leur durée possible d’application. Mais le chantier prioritaire de la nouvelle Commission paraît être davantage un « Green deal » européen et, dans ce cadre, il faut bâtir une stratégie alimentaire durable. Sur ces deux aspects, c’est le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, qui sera à la manœuvre, le commissaire à l’Agriculture n’étant prié que d’y contribuer. La question qui va rapidement se poser est de savoir si la Pac sera l’ancrage de cette stratégie alimentaire ou si cette dernière phagocytera la Pac.