Les utilisateurs d’œufs et d’ovoproduits, français mais aussi européens, se tournent en masse vers l’origine France, depuis la découverte de fipronil dans des centaines de milliers d’œufs aux Pays-Bas et en Belgique. Cette demande « vient renforcer de fortes tensions sur le marché français, caractérisé par des cours en hausse durant l’été, une offre modérée, un changement sociétal des modes de consommation et une rentrée traditionnellement soutenue pour la consommation d’œufs », explique le Syndicat national des industries et professionnels de l’œuf (Snipo). « Sur le marché européen, il manque 4 à 5 % de production, l’équivalent de 8 à 10 millions de pondeuses, détaille Loïc Coulombel, président du Snipo. Sans compter que des doutes subsistent sur d’éventuels abattages en Pologne et Roumanie. Or, c’est un marché très volatil, car il n’y a pas de stocks ni de marché à terme. »
Pénurie en Europe
Il faudra un certain temps à l’Europe pour retrouver un niveau de production identique. « Aujourd’hui, il y a pénurie de poulettes prêtes à pondre sur le marché européen. Et il faut compter huit mois pour que des poussins atteignent ce stade. » Le retour à la normale ne se fera pas avant mars prochain, et faire appel à l’import n’est pas aisé, par manque de pays exportateurs.
Résultat, les prix flambent depuis juillet. « La cotation départ élevage atteignait 1,26 €/kg d’œufs en moyenne la semaine dernière, contre 0,70 € fin juillet. Et le jaune a plus que doublé. Avant la crise, les prévisions tablaient à l’inverse sur des prix modérés pour les œufs en cage », soupire Loïc Coulombel.
Or, ces hausses restent difficiles à répercuter à l’aval, auprès de la grande distribution. Cette dernière a accusé une perte de chiffre d’affaires de 1,2 million d’euros la première semaine de crise (-1,1 % par rapport à 2016), selon la société spécialisée dans les études de consommation Nielsen. Mais le retour à la normale a été rapide, dès la deuxième semaine, avec des ventes hebdomadaires qui ont retrouvé des niveaux supérieurs à 2016.