Malmenés durant deux ans, les cours mondiaux du sucre reprennent un peu de couleurs pour cette campagne 2019-2020 démarrée le 1er octobre. En effet, le seuil des 13 cents/livre américaine à New York a été franchi début décembre pour le sucre roux, ce qui devrait donner une impulsion au marché et convaincre les fonds spéculateurs d’être aux achats alors qu’ils étaient surtout en position « vendeur » il y a encore quelques semaines.

Baisse des stocks

Le déficit mondial de sucre se creuse : il est annoncé à 6,1 Mt pour 2019-2020 par l’Iso (1). « Les perspectives pour 2020-2021 sont aussi déficitaires, anticipe François Thaury, directeur « des soft commodities » chez Agritel. C’est l’une des explications de la progression des cours. La production mondiale atteint seulement 170,4 Mt cette campagne (- 3,1 % comparé à 2018-2020). L’Inde a effectivement connu des problèmes climatiques importants cette année affectant les tonnages de sucre roux (26 Mt cette campagne contre 33,5 Mt la précédente). La récolte thaïlandaise devrait aussi baisser à 13 Mt (15 Mt en 2018) et celle de l’UE ne devrait pas être meilleure que celle de l’an dernier. Face à cela, la consommation mondiale devrait augmenter de 2,3 Mt, soit + 1,32 % en un an. Toutefois, le rythme de croissance de la demande est plus faible que par le passé en raison des campagnes anti-sucre et des taxes.

Au niveau européen, le prix moyen du sucre blanc, estimé par la Commission européenne pour octobre 2019, devrait avoisiner 360-370 €/t contre 328 €/t en septembre. Un prix qui ne reflète pas encore l’évolution positive au niveau mondial, car il existe une proportion importante de contrats 2019-2020 qui ont été négociés à des cours plus faibles. « Les choses s’améliorent sur le prix du sucre mais cela ne va pas se répercuter de façon immédiate sur le prix des betteraves en France, et on s’attend encore à une campagne compliquée en 2020-2021 », tempère François Thaury.

Isabelle Escoffier

(1) Association internationale du sucre.