La guerre en Ukraine bouscule les marchés agricoles, et celui des matières premières en général, mais elle a surtout révélé des crises majeures dont les signes pouvaient être repérés dès la pandémie. « Nous vivons la fin de la mondialisation heureuse. La promesse de l’abondance est terminée. C’est le retour de la rivalité entre les nations », résument en chœur Philippe Chalmin et Yves Jégourel, codirecteurs du rapport Cyclope (1), dont le numéro annuel vient de sortir. La crise agricole résulte ainsi de facteurs qui ne lui sont pas propres. C’est la crise énergétique qui explique la hausse du coût des engrais ou des biocarburants, même si, à leur tour, les agriculteurs sont tenaillés dans le ciseau des prix. De même, la crise des marchés agricoles n’est pas tant celle d’un manque de disponibilité, du moins cette année, qu’une crise des paiements. Enfin, la guerre en Ukraine fige l’opposition entre les démocraties occidentales et l’union des autocraties russes et chinoises. Or, c’est la Chine qui joue un rôle clé depuis quelques années dans la détermination des prix agricoles. E. Y.

(1) Cyclope 2022, 706 pp., 139 €, éd. Economica.