Présente quotidiennement

« Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont devenus d’indispensables lieux de débats dans l’espace public. On y trouve le meilleur, parfois le pire. C’est une réalité mais c’est aussi un formidable espace de liberté d’expression, qu’il faut s’approprier, bien que cela puisse être chronophage.

J’apprécie particulièrement Twitter sur lequel je suis inscrite depuis 2015. Au départ, j’ai débuté modestement. Mon premier objectif était de défendre un métier, qui est magnifique mais souvent critiqué par des lobbys, par certains courants de pensée. J’y suis allée de plus en plus régulièrement, et désormais quotidiennement. Je comptabilise plus d’un millier d’abonnés, des personnes de tous horizons, journalistes, lobbys, scientifiques, militants écologiques, exploitants.

Pourquoi Twitter ? J’ai tout d’abord été séduite par son format court. La limite de 140 caractères permet de passer un message plus direct, plus synthétique, plus percutant. On peut désormais faire plus long, ajouter des vidéos. J’aime surtout l’instantanéité du tweet et la réactivité qui en découle.

De nombreux agriculteurs sont rebutés à l’idée d’avoir recours à ces nouveaux outils, par peur, par méconnaissance. Lorsque j’étais encore en poste à la chambre d’agriculture, nous avons incité les membres du bureau à les utiliser. Avec un certain succès.

Lutter contre les fake news

Les exploitants sont de moins en moins nombreux. Ils se sentent parfois peu entendus par les autres composantes de la société. Les critiques vis-à-vis du monde agricole, et de l’élevage en particulier, sont de plus en plus virulentes. En investissant les réseaux sociaux, les agriculteurs font entendre leur voix, se donnent l’opportunité de développer d’autres argumentaires, tissent des liens, rompent leur isolement. Ils participent de cette manière aux débats actuels qui agitent notre société, comme le glyphosate, la surmortalité des abeilles. Vis-à-vis de certains lobbys très actifs sur ces réseaux, ils permettent de lutter contre les fake news et leur lot de contre-vérités.

Lieu d’échanges et de débats, Twitter est aussi une formidable source d’information qui permet d’enrichir ses propres connaissances, de confronter différents points de vue. J’ai l’impression qu’on assiste à une montée en puissance d’une pensée unique avec un seul modèle agricole - le bio -, émanant d’une certaine forme de parisianisme. Cet outil peut aussi contribuer à éviter la fracture entre milieux urbains et ruraux.

Réseau Franceagritwittos,

Je fais partie de l’association Franceagritwittos, @Fragritwittos, qui réunit des communicants agricoles - mais pas seulement des exploitants - des gens passionnés, défenseurs d’une filière. Le but est de mettre en avant une agriculture innovante et participative, sans filtre, sans cliché et en toute transparence. Il s’agit de réfléchir ensemble à l’avenir et aux futurs enjeux.

Si j’avais un conseil à donner aux exploitants, c’est d’aller sur les réseaux sociaux. Faites entendre votre voix. Cet espace d’expression, qui permet de réunir recherche scientifique et défenseurs de pratiques agricoles diversifiées, offre une opportunité de répondre aux enjeux de l’agriculture de demain.

Propos recueillis par C. H .Yvard