Ça y est, les moissons d’orges ont débuté dans le sud de la France. Et une fois n’est pas coutume, cette année, garder des capacités de stockage pour l’orge peut s’avérer intéressant, quitte à vendre un peu de blé à la récolte. « D’habitude, on privilégie l’inverse : stocker le blé et vendre l’orge à la récolte, rappelle Alexandre Boy, analyste chez Agritel, mais cette année, le potentiel d’évolution des prix est plus fort en orge. » La céréale pourrait gagner 10 à 15 €/t et se rapprocher du prix du blé à partir du mois d’octobre.

« En général, une décote de 30 €/t est observée entre le cours de l’orge de mouture rendu Rouen et le blé sur le marché à terme, » explique Paul Gaffet, analyste chez Offre et Demande Agricole (ODA). Pour cette campagne, les opérateurs s’attendent donc à ce que cette décote se réduise.

La chine aux achats

Ce qui explique cette tendance ? Une conjonction d’éléments sur le marché mondial. « Les bilans mondiaux sont au plus bas depuis 1983 selon l’USDA, note Alexandre Boy. La Chine est aux achats et importe beaucoup d’orges australiennes et canadiennes, jusqu’à 1 Mt en avril, presque un record ! » Par ailleurs, le prix étant à la baisse l’an passé, les surfaces ont diminué dans plusieurs pays, « au profit du canola au Canada et en Australie, et au profit du tournesol en Ukraine », indique l’analyste. Résultat : 1 million d’hectares en moins, soit 3 % de la sole mondiale. « Chez les principaux exportateurs (1), la baisse de disponibilité est évaluée à 10 Mt, soit une perte de 7 %, » précise-t-il. Si on ajoute à ces stocks et surfaces en baisse, un rendement inférieur à la normale en France (lire encadré) et une demande soutenue, le prix devrait monter. « Même s’il ne dépassera pas le coût de production d’environ 160-170 €/t... », relativise Alexandre Boy.

Florence Mélix

(1) Union européenne, Australie, Canada, Argentine, Ukraine, Russie et Kazakhstan.