Quel constat à l’approche de la nouvelle campagne ?

Malgré leurs compétences techniques, certains agriculteurs rencontrent sur leurs colzas des problèmes à la levée, et parfois au printemps. Et si des réponses existent via des semis plus précoces, les plantes compagnes, les mélanges variétaux etc., l’absence d’insecticides décourage une partie d’entre eux. En trois ans, il y a déjà eu une baisse sensible des surfaces, avec pour la campagne en cours 1,1 million d’hectares (Mha) cultivés. Or, l’érosion de la sole s’accompagne de difficultés agronomiques, économiques, ainsi que de soucis de structuration de filière ! De plus, à l’échelle européenne le plan « Farm to fork » (De la ferme à la fourchette) nous inquiète de par sa vision décroissante de l’agriculture. Pourtant, il faudrait créer de la valeur pour différencier la protéine européenne et la rendre plus qualitative aux yeux des consommateurs. Alors que la sole 2020 devrait être proche de celle de 2019, notre objectif est de revenir à 1,3 Mha d’ici à deux ans.

Alors comment répondre à l’objectif de hausse de la sole ?

Les débouchés existent au travers de l’huile alimentaire et de la contribution au plan protéine via les tourteaux, même si c’est l’Arlésienne depuis deux ans, ce plan ! Et du côté des biocarburants, les perspectives ne manquent pas non plus. Nous misons aussi, dès la prochaine campagne, sur une valorisation des pratiques agricoles qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre (GES). Une économie qui pourra alors être payée sous forme de « bonus », en plus du prix de la graine. Plus de 50 % des agriculteurs pourraient y avoir accès. Il est donc possible de faire évoluer ses pratiques pour qu’elles soient meilleures d’un point de vue environnemental en les rémunérant, et non pas via une économie punitive.

Quelles sont les demandes de la filière ?

Si les pouvoirs publics veulent mettre en cohérence la volonté de développement des énergies renouvelables, il faut une production européenne de colza. Et pas la peine de développer des politiques si les insectes ravagent tout. Pour répondre aux enjeux économiques, environnementaux et aux attentes de la société, on a besoin de perspectives et de moyens de production tels que l’homologation d’insecticides. C’est à cette condition que l’on pourra vraiment relever le challenge du plan protéines. Propos recueillis par Céline Fricotté