L’Afrique subsaharienne a représenté pour la France 26 % des débouchés export de blé vers les pays tiers en 2016-2017. Mais face à la faiblesse de l’offre française, les différents pays ont dû se tourner vers d’autres provenances. « Les statistiques ne sont pas bonnes pour les trois principaux pays importateurs que sont le Cameroun, le Sénégal et la Côte d’Ivoire », indique Yann Lebeau, du bureau de Casablanca de France export céréales. Ainsi le Sénégal, qui achète habituellement plus de 80 % de blé français, a importé 50 % de blé russe en 2016. La Côte d’Ivoire s’est tournée principalement vers l’Allemagne et la Roumanie. La Mauritanie enregistre également une baisse des importations de blé français de 57 %.

Pas d’appréhension

Qu’ont changé ces nouvelles importations pour la filière subsaharienne ? « Les meuniers sont satisfaits des blés russes, qui ont un fort taux de protéines pour des prix attractifs », répond Édouard Navarre, directeur export Afrique chez Eurogerm (1). Certains ajustements logistiques ont dû être réalisés, car les blés russes sont plus durs et moins humides que les blés français. Les grains sont aussi plus petits, ce qui entraîne un taux de cendres plus élevé. Mais ces problèmes pèsent peu au regard du bon rapport qualité/prix des blés russes. Les importateurs n’ont plus d’appréhension vis-à-vis de cette origine. Yann Lebeau rapporte le témoignage d’un meunier au Sénégal : « Cette année nous a permis de mieux connaître les blés russes, ils sont entrés dans nos mélanges et je pense qu’ils n’en sortiront pas de sitôt. »

Adèle Magnard

(1) Correcteurs et améliorants pour la meunerie.