Entretenir le territoire devient un casse-tête

« En tant que maire, j’ai le souci d’entretenir les terres communales. Mais dès qu’il s’agit de couper des arbres, je me heurte à l’opposition de la Direction départementale des territoires. J’ai fait une demande d’aménagement sylvopastoral pour 1 100 ha avec deux objectifs : débroussailler pour limiter les risques d’incendie et améliorer les ressources pastorales mises à la disposition des onze éleveurs de bovins qui utilisent ces communaux. En principe, ces surfaces où les arbres ont poussé spontanément ne devraient pas être soumises au code forestier. Mais l’administration départementale a une interprétation très restrictive de la réglementation et veut préserver le plus d’arbres possible, qu’ils aient été plantés ou non.

La forêt passe avant l’élevage

Alors qu’il s’agit d’un boisement spontané, elle entend classer 111 ha en forêt et interdire le pâturage en sous-bois dans cette zone. C’est là qu’il y a les meilleurs sols, sur lesquels les éleveurs pourraient améliorer la production d’herbe. Sur une autre zone de 222 ha, je ne peux couper que trois arbres sur dix, ce qui complique le débroussaillement, forcément mécanique. En revanche, sur le reste de la surface, je peux tout couper ! Mais sur ces sols maigres, il y a beaucoup de rochers, très peu d’arbres et surtout très peu d’herbe.

Obligés d’affourager avec du foin extérieur

L’administration ne prend pas du tout en compte les besoins des éleveurs, alors que ce sont eux qui entretiennent le territoire et amènent de l’activité économique dans la commune. Elle ne se préoccupe pas non plus du bilan carbone. Par manque de surfaces, les éleveurs sont obligés de faire venir des camions de foin de la Crau, à 200 km de là, alors que nous avons tout ce qu’il faut pour produire de l’herbe sur place !

Un dialogue de sourds

J’ai essayé de discuter avec l’administration et de lui faire comprendre les besoins des éleveurs. Mais c’est un dialogue de sourds ! Je me heurte à un diktat. Sur d’autres dossiers pourtant, nous sommes partenaires, nous agissons ensemble. Dès qu’il s’agit de couper des arbres, par contre, cela bloque.

L’État doit clarifier les règles

Dans les départements voisins, mes collègues maires n’ont pas ce problème. L’État doit clarifier les règles, au lieu de laisser chaque département les interpréter à sa façon. Et rappeler la nécessité de débroussailler pour prévenir les incendies, ce qui est difficile à faire lorsqu’il y a trop d’arbres. Sur les surfaces pour lesquelles j’ai obtenu l’autorisation, je vais lancer rapidement les travaux. Après la sécheresse de cet été et de cet automne, les éleveurs auront besoin, au printemps prochain, d’avoir plus d’herbe pour leurs troupeaux. »

Propos recueillis par Frédérique Ehrhard