«Les émissions de méthane correspondent à une perte d’énergie. Améliorer l’indice de conversion alimentaire, c’est améliorer la santé et, de fait, la production laitière, tout en préservant l’environnement », affirme Kurt Schaller, président-directeur général d’Agolin. La société, basée en région lémanique en Suisse, a mis au point un additif alimentaire destiné aux ruminants, visant à réduire les émissions de méthane entérique. « Il est, à ce jour, vendu à une centaine d’industriels, dont 70 % en Europe », poursuit-il.

Extraits de plantes

Cet additif est un mélange d’extraits de plantes et d’épices, parmi lesquelles figurent la coriandre, le clou de girofle et la carotte sauvage. « L’absence de risque au niveau de la toxicité, l’odeur et le goût pour l’appétence, et l’absence de résidus dans le lait ont été autant de critères retenus lors de la formulation. Leur action sur la flore microbienne du rumen (antibactérien, anti-inflammatoire) ne doit pas être la seule considération », estime le directeur. Des essais réalisés in vivo, après une période d’adaptation d’environ trois semaines, ont montré que l’utilisation de l’additif, à raison d’un gramme par vache et par jour, permet de réduire la population de protozoaires et d’augmenter celle des bactéries dans le rumen. « Le nombre de bactéries méthanogènes reste stable, précise Kurt Schaller. C’est la diminution du nombre de protozoaires qui est à l’origine de la réduction de la production de méthane entérique. Le mode d’action précis reste difficile à décrire, car les interactions au niveau du rumen sont complexes et la flore encore majoritairement inconnue. »

Stimulateur digestif

L’action globale de l’additif sur la flore microbienne permettrait une meilleure valorisation de la ration, induisant une réduction de la production de méthane entérique, et une amélioration du rendement en lait.

Selon la FAO (1), l’élevage des vaches laitières et des bovins à l’engraissement est responsable d’environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre issues de l’activité humaine, dont 40 % sous forme de méthane entérique. D’après une étude de l’Inra (2), l’additif permet de réduire la production de méthane entérique de l’ordre de 30 % en six semaines chez la vache laitière. Une seconde étude, portée par l’IRTA (3) en Espagne, a conclu sur une augmentation de la production laitière de plus de 5 % en quatre semaines, après adaptation.

« Améliorer la digestion, c’est améliorer la santé générale de l’animal, avance Kurt Schaller. Nous participons à un projet européen baptisé RuMeClean, afin d’inclure l’additif à des programmes de compensation pour les éleveurs. Le défi c’est de convaincre toute la chaîne, du producteur au consommateur, afin que le lait produit durablement soit valorisé. »

Alexandra Courty

(1) Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.

(2) Institut national de la recherche agronomique.

(3) Institute of Agrifood Research and Technology.