Surprenante campagne électorale, avec des élections départementales totalement occultées par les régionales, elles-mêmes « squattées » par l’échéance présidentielle. Non pas que les élections départementales soient de moindre importance que les régionales. D’ailleurs, les départements gèrent un budget plus consistant que les régions : 80 milliards d’euros, contre 43 milliards. Chacune de ces collectivités, depuis les lois de décentralisation de 1982, renforcées par la loi NOTRe de 2015, ayant ses domaines de compétence : l’action sociale – la moitié des budgets départementaux – mais aussi la voirie, les collèges, les transports scolaires… pour les départements ; le développement économique, les transports, l’aménagement du territoire, la formation professionnelle et l’apprentissage, les lycées… pour les régions.

Autre point fort du département : né dans le sillage de la Révolution française, il est mieux ancré dans notre imaginaire de citoyen que la région, entité beaucoup plus récente, qui plus est, remodelée en 2015 par François Hollande. Les départements ayant eux été réorganisés en 2013, avec deux fois moins de cantons qu’auparavant, mais autant de conseillers départementaux, puisque désormais nous élisons un binôme. Au moins la parité hommes-femmes y a gagné, mais le lien qui pouvait­ exister entre le canton et son conseiller général s’est distendu­, du moins dans les cantons ruraux, où l’élu cantonal était un personnage central, très intégré dans la vie locale. C’est moins le cas des conseillers départementaux.

En fait, la suprématie – au moins médiatique et vue de Paris ! – de la campagne des régionales est directement liée au prochain scrutin présidentiel : chacun des partis y voyant soit une rampe de lancement pour certains de ses candidats, soit un moyen de « décanter » un peu plus le paysage politique national. Dans ce contexte, difficile de savoir si la démocratie y gagnera, mais une chose est sûre : la démocratie locale y perdra !