Pourquoi avez-vous changé d’avis sur les OGM ?
Ce n’était pas cohérent de m’appuyer sur la science pour expliquer le changement climatique, et de la nier concernant les risques des OGM. Parce que tous les articles scientifiques parviennent à la même conclusion : il n’y a pas de danger pour la santé humaine. Pour moi, certains écologistes ignorent ce consensus scientifique, tout comme Donald Trump ignore les preuves du changement climatique.
Quel a été votre implication dans le film Food evolution ?
Je n’y joue qu’un rôle secondaire, et j’ai aidé à la préparation. Au départ, ce devait être un film sur les moyens de nourrir durablement 10 milliards de personnes dans le futur. Mais le sujet des OGM a rapidement fait boule de neige pour devenir l’axe principal. Cela garantit au moins un débat animé.
Où est en aujourd’hui le mouvement anti-OGM ?
Les écologistes évoluent. La plupart des antennes de Greenpeace dans le monde, par exemple, ne s’intéressent plus trop au sujet. C’est d’ailleurs devenu un débat moral. Les militants pensent que l’humain empire toujours les choses, et ça n’a rien à voir avec la science. Tout comme la science ne peut pas expliquer l’horreur de la mort de milliers d’enfants africains.
Les OGM ont-ils, selon vous, un effet sur l’environnement ?
Non, et l’agriculture a de toute façon des effets néfastes sur l’environnement. Le défi, c’est de produire plus sur des surfaces réduites, et d’utiliser les terres restantes pour le retour de la biodiversité. La génétique peut y aider, au contraire de formes d’agriculture moins intensives, vers lesquelles les gens se tournent sur des bases affectives.
A-t-on besoin des OGM en Europe ?
Pas pour notre sécurité alimentaire. Cependant, l’agriculture française est bien plus dépendante des produits chimiques que l’agriculture américaine. Et l’un des facteurs qui explique cela, c’est l’interdiction des biotechnologies.
Pourquoi le film se concentre-t-il sur des cultures tropicales ?
En Afrique, les maladies sur les bananes ou le maïs ont un effet très direct sur le quotidien des gens. Donc si vous faites un film sur les OGM, et que vous voulez que le public s’attache, il faut montrer ce continent, parce que le vrai défi moral est là-bas. Pourquoi des pays riches empêchent des pays pauvres d’utiliser une technologie qui pourrait sauver des vies ? C’est ça la vraie question.