Derrière le masque
« J’ai écrit pour arracher le masque derrière lequel les végans prospèrent. Non ! Ils ne sont pas de doux utopistes, ni de braves humanistes. Et ils n’assument pas les conséquences de leur propre pensée. Le véganisme antispéciste est une idéologie qui menace l’existence même du monde agricole.
Les végans réduisent la nature à la prédation entre les animaux, à la souffrance vécue par ceux d’élevage, domestiques, mais aussi sauvages (maladie, agressions, froid, faim, etc.). Certains envisagent même de modifier génétiquement les espèces prédatrices, voire de les supprimer. Ils vomissent l’écologie. Les écologistes sont du côté de la biodiversité et se méfient de la grande industrie et ses prouesses. Les végans, eux, ne voient pas un système en interaction, mais uniquement des individus animaux, humains ou non humains. La pensée végane est une pensée d’apprentis sorciers. Je suis antivégan pour défendre l’unité du genre humain, le droit à la vie des animaux d’élevage et sauvages, la biodiversité. Et l’écologie.
Idiots utiles de l’industrie des biotechs
Ils sont du côté d’un fantasme de toute-puissance infantile et rêvent d’aseptiser le monde. Le véganisme est une idéologie urbaine, en ce sens qu’elle a perdu tout contact avec la nature.
C’est aussi une doctrine en phase avec les tendances lourdes du système industriel. L’industrie de notre époque est à même de satisfaire les fantasmes des végans. Être végétarien était médicalement insoutenable avant 1947 et la production industrielle de la vitamine B12. Les végans sont les idiots utiles des biotechnologies alimentaires. Aujourd’hui, l’industrie propose de la fausse viande, du faux lait, du faux fromage. Et bientôt de la viande cellulaire. Le lobby financier, qui pèse des milliers de milliards de dollars, investit dans cette recherche, via les PDG des plus grandes firmes comme Google, Facebook, General Electric, Skype, Cargill, Bill Gates, Richard Branson (2). Ce lobby finance les mouvements animalistes, y compris en France.
Le véganisme ne règle aucun problème. Il dépolitise les questions agricoles et alimentaires. Or la famine, qui touche une personne sur huit, découle du système économique mondial, de la privatisation du vivant, du vol des terres, notamment en Afrique, et du gaspillage alimentaire, qui correspond à 36 % de la production mondiale.
Pour une Journée mondiale de l’élevage paysan
La vraie opposition n’est pas entre protéines végétales et animales, mais entre la production industrielle et l’agriculture paysanne. Un appel vient d’être lancé par des syndicats paysans, des associations de mangeurs, des écologistes pour créer une Journée mondiale de l’élevage paysan et des animaux de ferme. »
(1) Publiée chez Larousse. Paul Aries est aussi l’auteur d’Une histoire politique de l’alimentation du paléolithique à nos jours, aux éditions Max Milo.
(2) Lire aussi notre Billet en page 14.