Le 24 novembre 2021, Yves Asdrubal, agriculteur à Talmay (Côte-d’Or) avait fait annuler un arrêté préfectoral par le tribunal administratif de Dijon. Daté du 15 juin 2020, celui-ci autorisait le syndicat mixte d’aménagement de la Vingeanne à réaliser des travaux hydrauliques et de « restauration écologique » avant la confluence de cette rivière avec la Saône.

Aucune concertation

« L’un des deux bras de la rivière aurait été rebouché sur plus de 400 mètres de long, amplifiant les débits de débordement et le risque d’inondation pour 200 hectares de cultures et de prés, pointe-t-il. Au-delà des cultures de printemps, l’enjeu est le maintien de la qualité des prairies et de l’élevage dans le secteur. » Le projet n’avait donné lieu à aucune information ni concertation avec les agriculteurs et leur mécontentement n’avait pas été pris en compte dans l’enquête publique.

Au lieu de se pourvoir éventuellement en appel, la préfecture a choisi de publier fin décembre un nouvel arrêté, arguant d’une évolution de la nomenclature des travaux dans le cadre de la loi sur l’eau. Le nouveau texte, qui reprend sans modification les projets de travaux initiaux, relève cette fois d’une simple procédure de déclaration sans étude d’impact ni enquête publique.

Recours en justice

Face à cette décision qu’ils considèrent comme une manœuvre pour se soustraire à la décision de la justice, Yves Asdrubal et neuf de ses collègues riverains viennent de déposer un nouveau recours en justice. « Si nous acceptons une remise en connexion des méandres de la rivière, nous sommes opposés au comblement total du chenal et à l’arasement des digues actuelles. Ce projet ne dit pas son nom : c’est en fait un dossier de rétention d’eau. »

Alors que cette nouvelle procédure judiciaire n’est pas suspensive, les agriculteurs ont eu la mauvaise surprise de constater, lundi 21 février, que le déboisement d’une partie du site, nécessaire à l’accès du futur chantier, avait démarré, alors même que le conseil municipal de Talmay avait délibéré à deux reprises contre l’abattage des arbres situés en forêt communale.

Anne Bréhier