Confusion entretenue entre risque et danger
Au départ, le principe de précaution est un acte de foi dans la technologie et dans les sciences. Il est une réponse à la société du doute, mais il n’est pas censé être une résultante de la peur. Il est devenu un principe castrateur, détourné de ses ambitions initiales par des corps constitués, qui s’en sont saisis comme d’un bouclier, entretenant les peurs pour mieux défendre leurs arrière-pensées politiques. Le principe de précaution devrait être marqué par l’action. Il est aujourd’hui caractérisé par la passivité à l’égard de la recherche et de l’innovation.
Le principe de précaution, de par son inscription dans la constitution, est devenu infranchissable. Il est aussi l’illustration de la faiblesse de nos politiques face à l’opinion, défendant une société du « zéro risque ». Quand on est rationnel, on admet que le risque est une confrontation au danger. Plus on produit de richesses, plus on produit du risque. L’innovation et la recherche, indispensables aux entreprises, génèrent un risque aux conséquences positives ou négatives que nos sociétés modernes doivent être capables d’arbitrer en conscience. Les associations et ONG, opposées à la recherche, entretiennent la confusion entre le risque et le danger.
L’opinion n’a pas vocation à dire les faits scientifiques
En absence de discours scientifique dans le débat médiatique, on donne crédit à ces marchands de peur.
Les médias laissent davantage la parole à des théories pseudo-scientifiques, séduisantes mais fausses : « La nature est bienveillante. L’Homme pervertit son environnement. » Le vrai problème, c’est qu’elles influencent l’opinion dans un sens contraire à la science. Le débat doit être scientifique et pas dogmatique, car c’est la seule façon de faire progresser le savoir. L’opinion publique ne doit pas dire les faits scientifiques, c’est le rôle des chercheurs.
Un mur pour les entreprises
Notre monde est en passe de connaître une révolution sans précédent. L’émergence du numérique va rebattre les cartes de la mondialisation actuelle. Les nouveaux pôles économiques dominants sont ceux qui auront su être aujourd’hui les champions de l’innovation. Or notre principe de précaution limite considérablement notre capacité à jouer un rôle dans cette nouvelle donne. Il nous faut reprendre confiance dans la recherche en donnant la parole à la science.
Il devient indispensable aussi de remettre de l’économie dans le droit, afin de ne pas empêcher nos entreprises d’innover. Sur certains sujets, comme les OGM, c’est une fatwa idéologique qui nous empêche d’avancer. Alors que certains continuent à travailler, nous faisons une pause. C’est pourtant un terrain de recherche.
La double peine serait que, demain, nous soyons obligés d’acheter le savoir-faire que nous n’avons pas voulu développer. Ne pas rechercher, c’est prendre un risque !
(1) L’Institut Sapiens se définit comme une « think tech » française « en dehors du périphérique parisien ». Forme modernisée du « think tank », groupe de réflexion ou laboratoire d’idées, ses créateurs veulent remettre l’humain et l’économie au cœur de la société « technologique » de demain. https://www.institutsapiens.fr/notre-si-cher-principe-de-precaution/