Le 26 janvier, Caroline Basile et son mari, producteurs de lait à Chaudefonds-sur-Layon, ont reçu un courrier de la mairie. Deux pages leur demandant « d’élaguer des haies afin de permettre le passage de la fibre », assorties d’un coupon-réponse. « Celui-ci doit être envoyé avec les dates d’élagage, précise Caroline. Il est indiqué que si nous ne faisons pas les travaux, ils seront réalisés à notre charge par une entreprise. »

Ce témoignage est loin d’être un cas isolé. Depuis plusieurs semaines, la FDSEA, Jeunes Agriculteurs (JA), la Coordination rurale et la Confédération paysanne tirent la sonnette d’alarme. Une dizaine d’associations agricoles et environnementales soutiennent aussi leur démarche.

« Depuis des dé­cennies, l’entretien des haies aux abords des lignes téléphoniques était assuré par la collectivité du côté de la route et par les agriculteurs du côté des champs, a expliqué le 5 mars Sylvie Fradin-Rabouin, présidente du Gabb Anjou, lors d’une conférence de presse. Et France Télécom-Orange supportait les réparations. Désormais, on demande aux agriculteurs de porter seuls cette double responsabilité. »

Éleveur allaitant à Chemillé, Benoît Huntzinger doit élaguer un kilomètre de haies : « À 2 € le mètre linéaire, la facture s’élève à 2 000 €. Soit 10 % du résultat de mon exploitation ! » Pour ce chantier qui revient tous les deux à trois ans, il doit aussi demander l’autorisation d’inter­venir sur la voie publique.

Rencontrer les maires

La chambre d’agriculture est intervenue à plusieurs reprises, mais en vain. « La situation est bloquée », constate Ludovic Roncin, président de JA. La profession refuse de valider la charte des bonnes pratiques d’élagage signée le 10 mars entre le conseil départemental, l’Association des maires, Anjou Numérique et Anjou Fibre (lire l’encadré).

« Que ce soit au niveau du transfert de responsabilité ou du coût, le compte n’y est pas », estiment les syndicats, qui appellent désormais les agriculteurs à rencontrer leurs maires. « La seule solution est de repartir du local. Dans ce dossier, il y a eu des erreurs techniques et de communication », évoque Ludovic Roncin. « Le dépar­tement a voulu déployer la fibre sans concertation, ce qui aboutit à des aberrations », se désole Sylvie Fradin-Rabouin.

A. Mabire