Des salariés qualifiés

La Meuse est le plus petit département de Lorraine côté population. Void-Vacon est une commune de 2 500 habitants, mais je n’ai pas de problème pour trouver des employés qualifiés et, surtout, très investis dans leur travail. Certes, je n’ai pas à faire appel à des ingénieurs spécialisés, mais Clair de Lorraine a besoin de cadres, d’employés en logistique, de chauffeurs et de main-d’œuvre pour les ateliers de fabrication.

Peu de turn-over

Il y a très peu de turn-over dans mon entreprise, que j’ai reprise en 1988, puis beaucoup développée. Le personnel y est très attaché. Dans notre domaine, c’est un avantage d’être dans le rural, le local. En résidant dans les petites communes alentour, mes salariés bénéficient d’une vraie qualité de vie. Ils ne veulent pas y renoncer pour aller vivre en agglomération ou en périphérie des villes. Je viens d’ouvrir un restaurant à Void-Vacon, qui privilégie les produits locaux, mais ce restaurant est ouvert uniquement le midi. Je tiens à ce que les personnes qui y travaillent aient une vie de famille, des horaires décents. Cela participe aussi à leur investissement, leur motivation dans le travail au quotidien. Je raisonne en temps et non en kilomètres pour les trajets que doivent faire mes employés, et pour la gestion des transports de Clair de Lorraine. Nous sommes près de la RN 4, à un quart d’heure de Toul, de l’A 31, à 35 minutes de Nancy.

Soigner les infrastructures

Dans des territoires comme les nôtres, des routes et de bonnes infrastructures sont nécessaires. Le milieu rural a de la ressource, mais les élus et acteurs locaux doivent travailler ensemble pour développer ces infrastructures, et donc l’emploi.

L’apprentissage est vraiment la voie à privilégier pour les jeunes. Voyez l’exemple de l’Allemagne, pays qui a beaucoup misé sur l’apprentissage, et où le taux de chômage est faible. Les entreprises devraient être encouragées, y compris financièrement, pour prendre des jeunes. Cela reviendrait moins cher au niveau du système éducatif. Dans ce domaine, les filières proposées par les établissements agricoles sont vraiment bonnes et attractives, car offrant un bon panel de formations par l’alternance

Il y a du travail

Du travail, il y en a, notamment dans la logistique, dans les services à la personne. C’est encore plus vrai en milieu rural. Étant moi-même handicapé (1), j’ai besoin de ces personnes pour m’assister. Et je suis étonné du nombre de jeunes qui sont présents dans ce secteur d’activité.

Le marché du travail va beaucoup évoluer les prochaines années. L’auto-entreprenariat va se développer. De plus en plus de gens se méfient de l’entreprise, qui peut leur apporter beaucoup, mais qui peut aussi les broyer. Ils ne veulent plus du cadre sup au-dessus d’eux, mais recherchent de l’autonomie dans leur travail. Inversement, l’entreprise a peur d’embaucher, le patron de se tromper. En France, il faudra accompagner ces mutations en mettant davantage de souplesse dans la réglementation.

Dominique Péronne

(1) Vincent Ferry est devenu tétraplégique après un grave accident en 2008.