Des espaces partagés
L’élevage pastoral couvre près d’un million d’hectares en Provence-Alpes-Côte d’Azur et concerne deux communes sur trois. En zone périurbaine, les terres de pâturage sont plutôt des cultures fourragères. En alpage, ce sont des lieux de randonnée, de loisir ou de chasse. Ce sont des espaces multi-usages. L’impact territorial du pastoralisme est donc très important, d’autant plus qu’il concerne souvent les territoires les plus sensibles de la région, comme des parcs naturels régionaux et nationaux, ou encore des réserves protégées. C’est pourquoi, il est essentiel que le monde agricole et celui de l’environnement travaillent ensemble.
Un pastoralisme menacé
Nous sommes dans une région où l’élevage pastoral s’est mieux maintenu qu’ailleurs. Mais il est aujourd’hui menacé. La disparition des terres, notamment en basse Provence, pose de grandes inquiétudes quant à l’avenir. Rappelons qu’un troupeau de mille brebis a besoin d’environ 2 000 à 2 500 hectares pour manger toute l’année. De plus, la question de la prédation du loup a complexifié le dialogue avec les différents acteurs. Il faut pourtant se rendre à l’évidence : on ne peut plus laisser le loup se propager. Nous devons lui réapprendre à avoir peur de l’humain et l’éloigner des troupeaux.
Essentiel au territoire
Que ce soit au niveau économique, social ou environnemental, l’élevage pastoral continue d’occuper une place considérable dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il représente 13 % de l’emploi agricole régional, compte environ 2 500 éleveurs et concerne quelque 620 000 bêtes qui estivent chaque année. De plus, il est démontré que le pastoralisme a un impact très positif sur le territoire. Il entretient et façonne les paysages et apporte une ouverture des milieux favorable à une biodiversité spécifique.
Les dents des brebis transhumantes maintiennent l’herbe rase, ce qui permet la survie d’une flore et d’une faune variées. De même, la conduite raisonnée d’un troupeau contribue à la prévention de l’érosion et des risques d’avalanches. Ce troupeau limite également l’embroussaillement, facteur aggravant des incendies qui dévastent notre région. Aucune autre pratique n’est susceptible d’entretenir à si faible coût une étendue d’une telle importance.
Valoriser le fruit de la culture pastorale
Viande, laine, fromage… L’avenir du pastoralisme repose, sans doute, sur une meilleure valorisation de ces produits. Les éleveurs ont fait le choix d’une production sous signes officiels de qualité, pour répondre à la demande accrue des consommateurs en matière de sécurité alimentaire, de traçabilité, de garantie d’origine. Cependant, la spécificité de ces produits, autant que le travail qu’ils nécessitent, ne sont pas encore reconnus à leur juste valeur. Des progrès doivent être accomplis pour que le consommateur y reconnaisse aussi le fruit d’une culture pastorale, séculairement fidèle à l’exploitation raisonnée des ressources de la nature et respectueuse de ses cycles.