Un gros retard à combler

Mon travail est de faire avancer les droits des femmes dans le milieu agricole et au ministère de l’Agriculture. Les grandes orientations sont impulsées par le secrétariat d’État à l’égalité femmes-hommes, et relayées dans chaque ministère. Les droits des femmes doivent s’adapter à la société et aux modes de vie du XXIe siècle, pour leur permettre d’atteindre l’égalité réelle.

De nos jours, l’égalité professionnelle n’est toujours pas acquise et les stéréotypes ont la vie dure. Il semble qu’il faille encore répéter que les femmes sont capables de faire les choses aussi bien que les hommes, ont la même intelligence, et n’ont pas à être cantonnées aux tâches ménagères…

La mixité des métiers doit devenir une réalité ! Nous militons pour faciliter l’installation des agricultrices, avec un même accès aux prêts bancaires et au foncier, quitte à proposer de la réassurance ou des cautions bancaires. De plus, nous voulons aussi améliorer l’offre de garde des enfants, ou encore l’accès à la formation continue.

Généraliser le statut de cheffe d’exploitation

L’agriculture est un secteur professionnel très en retard sur les droits des femmes. Les agricultrices ont longtemps été considérées comme « sans profession », avant d’accéder au statut de « collaboratrice », qui n’est pas suffisamment protecteur avec la montée des divorces. Ce statut devrait être limité dans le temps, comme celui d’aide familial, pour favoriser le statut de cheffe d’exploitation, aux meilleures prestations. Le Gaec entre époux et son principe de transparence a été une avancée. Mais il est anormal qu’en périodes difficiles, les femmes se sacrifient, comme en 2016 où dans plusieurs élevages laitiers, par économie, elles ont renoncé à leur statut de cheffe d’exploitation !

Le congé maternité avance

On a avancé sur le congé maternité dans le projet de loi de la sécurité sociale. Mais seules 60 % des agricultrices bénéficient d’une allocation de remplacement maternité, soit à cause du coût de la CSG restant à charge (200 à 300 euros pour un mois de remplacement), soit par manque de remplaçant qualifié disponible. Pour ces mamans, il y aura des indemnités journalières.

Aux instances de décision

L’égalité des droits passe aussi par la capacité à se faire entendre. La loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle prévoit au moins un tiers de femmes dans les listes électorales des chambres d’agriculture. Mais si les femmes sont au conseil d’administration, elles sont rarement au poste de présidente !

Contre les violences

Les violences faites aux femmes sont un sujet prioritaire que nous menons en collaboration avec la MSA. Nous voulons informer largement les femmes sur les coordonnées des associations d’aide, médecins, services sociaux et structures d’accueil. En milieu rural, nous relaierons l’information dans les maisons de service au public, les personnels de santé et dans l’enseignement agricole.

Propos recueillis par Sophie Bergot